Israel Galván a trouvé un thème d'actualité (!) pour le spectacle qu'il présente vendredi et samedi au FTA: l'apocalypse. Un thème qui a une résonance particulière pour le chorégraphe espagnol.

Qu'ont en commun le prédicateur américain Harold Camping et l'audacieuse star du flamenco Israel Galván? Une obsession pour l'Apocalypse. Selon les derniers calculs de Camping, la fin du monde devait avoir lieu samedi dernier. Nous sommes toujours là... Galván, quant à lui, a canalisé sa peur de la fin du monde dans El final de este estado de cosas, Redux, présenté les 27 et 28 mai au FTA.

«J'ai passé ma jeunesse à étudier le flamenco... et la religion», lance au téléphone Israel Galván, par l'entremise d'une interprète. Galván a appris à danser en apprenant à marcher et à parler. Son père, propriétaire d'une académie de danse, lui a inculqué discipline et rigueur; sa mère, gitane, lui a légué le pellizco, ou l'art de donner des frissons, et la faculté jouer de manière impulsive avec le rythme. Et tous les matins, Jose Galván et Eugenia de Los Reyes, eux-mêmes des grands du flamenco, ont lu la Bible à leur fils.

«Pour moi, les histoires d'Apocalypse étaient bien réelles; elles me faisaient peur!»,raconte le danseur et chorégraphe. Adulte, Galván fait donc face à ses démons et s'inspire de L'Apocalypse de Saint-Jean pour créer El final de este estado de cosas, Redux ou La fin de cet état de choses, Redux. Après tout, son père, José Galván, n'a-t-il pas dit: «Être flamenco, c'est faire vivre ses racines, ses ancêtres, ses sentiments, en relation avec le public. [...] C'est une histoire personnelle qui remonte, appelée par les couplets du cantaor

Galván est-il encore croyant? «Mais je n'ai pas le temps d'être religieux!», lance-t-il à la blague. Selon lui, nous sommes responsables de nos propres malheurs; à nous de trouver des solutions aux problèmes que nous avons créés. «Si Dieu existe, il ne se montrerait pas si cruel; il ne nous ferait pas subir ces fléaux.»

Arena, qu'il a présenté au FTA en 2007, puisait aussi à des souvenirs d'enfance marquants, liés à la tauromachie. «Dans ce que je présente cette année, la mort est toujours là, mais de façon plus mystique. Au fil des solos, je chemine à travers une sorte d'exorcisme. En dansant, j'affronte en quelque sorte une apocalypse personnelle, mes propres démons, que j'extériorise et que je tente d'anéantir.»

Mais détrompez-vous, le flamenco d'Israel Galván n'a rien de spectaculaire ni de conventionnel. Cet original pratique l'art de la déconstruction et déterre le flamenco de dessous les conventions empesées et la théâtralité outrancière. Dans El final de este estado de cosas, Redux, il n'hésite pas à intégrer du butô japonais - «parce qu'il n'y a rien de tel pour incarner la maladie et la mort» - ou à varier la texture des surfaces sur lesquelles il danse parce qu'il avoue préférer le rapport aux objets que le rapport aux autres. «C'est pour ça que je danse seul!», avoue cet être entier, qui n'a pourtant aucune difficulté à fasciner ses spectateurs.

El final de este estado de cosas, Redux de la Compania Israel Galván, les 27 et 28 mai au Théâtre Maisonneuve, dans le cadre du FTA.