Tangente accueille, jusqu'au 10 avril, la 4e Biennale de gigue contemporaine, qui n'a cessé de croître depuis sa création en 2005. Onze chorégraphes présentent une trentaine de gigueurs dans onze pièces enlevées qui rénovent totalement la tradition. Lük Fleury, fondateur et directeur artistique, affiche sa satisfaction.

Lük Fleury a fait du chemin depuis qu'il se consacre à la gigue contemporaine, genre atypique auquel personne n'avait pensé avant lui. Née de la gigue traditionnelle, dont elle respecte la rythmique des pas au sol, la gigue contemporaine y ajoute librement, selon l'inspiration de l'interprète, toutes autres formes de mouvements contemporains, parfois venus de folklores étrangers (bulgare, turc, arabe, yéménite, israélien...), parfois empruntés à l'acrobatie ou carrément à la capoeira.

Elle se danse parfois sur une musique de violoneux traditionnelle, mais plus souvent sur d'autres formes de musique, jusqu'à la musique contemporaine sérielle qui ne possède même pas de rythmique en tant que telle.

Tout est possible. Dès lors que l'artiste part du rythme de pas traditionnel, il peut le faire évoluer, le détourner, le faire fusionner, le transformer totalement. Le thème de cette Biennale 2011, «Saccage et précision», traduit exactement cet état d'esprit : saccage parce qu'on n'hésite pas à dénaturer la gigue originelle, précision parce que l'audace des chorégraphes-interprètes ne les rend pas moins rigoureux et d'une technicité parfaite.

Les 11 chorégraphes présentés cette année en témoignent. Au programme, du 31 mars au 3 avril, se sont succédé Lük Fleury, Pamela Poulin, Nancy Gloutnez, Maïgwenn Desbois, Philippe Meunier et Olivier Arseneault. Puis, du 7 au 10 avril, se succéderont Jean-Philippe Lortie, Ian Yaworski, Mélissandre Tremblay-Bourassa, Élisabeth Pelletier-Ouimet et Noémie Azoulay. Des événements spéciaux se grefferont à la Biennale: le 2 avril sera projeté le film Rétro, réalisé par les participants Nancy Gloutnez et Philippe Meunier, et, le 3 avril, l'ethno-choréologue Pierre Chartrand donnera la conférence «Histoire et évolution de la gigue».

Une nouvelle génération

Maître d'oeuvre de ce programme éclectique, foisonnant et inattendu, Lük Fleury affiche sa fierté d'être gigueur et d'avoir contribué à redonner ses lettres de noblesse à la gigue en une dizaine d'années.

«Je suis content d'avoir suscité l'émergence d'une nouvelle génération de gigueurs contemporains et d'aider à pousser toujours plus loin la fusion entre la gigue qui appartient profondément à nos racines québécoises et d'autres voies gestuelles de tous les horizons. Le partage est encore plus intéressant entre les genres, mais aussi entre les gigueurs et d'autres publics que le seul public amateur de folklore. La Biennale nous a permis d'élargir la palette des chorégraphes comme du public.»

Son rêve serait maintenant de parvenir à créer une soirée complète, un spectacle long dont il serait le chorégraphe avec un groupe d'interprètes: «La Biennale remporte un vrai succès, mais mon objectif personnel serait de monter une pièce complète autour de la gigue contemporaine de manière à la faire tourner, d'abord au Québec, mais aussi à l'international. J'aimerais aussi faire tourner la Biennale ailleurs qu'à Montréal. C'est mon rêve.»

Il lui faut cependant trouver une structure de financement viable. Car si le soutien de Tangente est indéfectible depuis 2005, il ne parvient toujours pas à obtenir de subventions.

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Biennale de gigue contemporaine, du 7 au 10 avril à Tangente, www.tangente.qc.ca