Entre les jeunes chorégraphes qui présentent leur première création professionnelle en entrée de saison à Tangente et les vedettes internationales invitées par Danse Danse ou les Grands Ballets canadiens, impossible de ne pas trouver son bonheur quelque part dans cette rentrée 2010, dont voici un aperçu.

Focus danseurs

On reproche aux médias québécois de ne parler que des chorégraphes et peu des danseurs, alors en voici certains à voir cet automne. Anciennement membre des Grands Ballets canadiens et de Montréal Danse, l'inoubliable Sylvain Lafortune se consacre aujourd'hui à l'enseignement. Il nous fait le plaisir de reprendre la scène, à la mi-septembre, à l'Agora de la danse, dans S'envoler d'Estelle Clareton, avec 11 autres danseurs. De plus, l'Agora invite de nouveau la soliste catalane María Muñoz, dont on avait découvert la remarquable finesse d'interprétation en 2008.

De son propre aveu, Frédérick Gravel n'est pas le meilleur des danseurs, mais sa performance dans son plus récent opus, Tout se pète la gueule, chérie, inauguré au dernier FTA et repris cet automne à La Chapelle, suscite l'étonnement; par ailleurs, Dave St-Pierre, le danseur, y est dans une forme vorace.

Autre chorégraphe et interprète unique, Harold Rhéaume sera sur scène, en novembre, à la Cinquième Salle, avec le Français Yvann Alexandre. Et pour ceux qui n'auraient pas encore vu Louise Lecavalier en virtuose de la lenteur dans I Is Memory, Transatlantique/Quartiers Danses présente ce solo à l'église Saint-Jean-Baptiste, pour clore sa huitième présentation, qui se déroule du 10 au 26 septembre.

Danses canadiennes

Le «reste du Canada» sera représenté sur les scènes montréalaises, entre autres, par l'artiste multimédia Freya Olafson de Winnipeg, qui revient à Tangente, en octobre, avec la version intégrale d'Avatar, une des belles découvertes du dernier OFFTA. En novembre, l'Agora invite Dancemakers de Toronto à présenter It's About Time: 60 Dances in 60 Minutes, dont la facture «laboratoire» pourrait bien plaire au public montréalais.

En décembre, la compagnie torontoise Coleman Lemieux&Compagnie est à la Cinquième Salle pour présenter Hymn to the Universe, un «concert chorégraphique» créé avec le Sun Ra Arkestra. Cette fois, la compagnie, dont le travail change d'esthétique au gré des projets, met en scène quinze musiciens et sept danseurs.

Jeune public

Du 15 au 28 novembre, le festival Les coups de théâtre compte six spectacles de danse, dont la nouvelle création ado de Marie Béland à Tangente.

À l'Agora de la danse, en novembre, un Sacre du printemps... destiné aux 10 ans et plus! Étonnant, car cette partition de Stravinsky entraîne surtout les chorégraphes dans un registre sombre. Hélène Blackburn signe cette version intitulée Variations sur Le sacre du printemps.

Grosses pointures

Danse Danse ouvre sa saison avec Hibiki de Sankai Juku. Cette compagnie japonaise est devenue, dès les années 80, un incontournable des circuits de danse américains et européens, ayant mis au point une forme de butô plus spectaculaire que celle des fondateurs Tatsumi Hijikata ou Kazuo Ohno.

À l'Agora de la danse, Jamais (rien ne nous séparera plus), un projet de l'écrivaine Aline Apostolska présenté en septembre avec le FIL, voit Jeanne Renaud, pionnière de la danse moderne au Québec, renouer avec la création sur scène. Renaud, aujourd'hui octogénaire, signe la chorégraphie de ce trio qui explore les liens mère-fille sur un texte d'Apostolska.

Et à la mi-novembre, toujours à l'Agora, deux autres incontournables de l'art québécois, le chorégraphe et danseur Paul-André Fortier et l'artiste multidisciplinaire Rober Racine reprennent Cabane, un des succès du FTA 2008; leur complicité y est aussi poétique qu'incongrue.

Büchner dansé

Montréal accueillera deux «mises en mouvement» de pièces du dramaturge allemand Georg Büchner. Fin octobre, les GBCM dansent une adaptation signée Christian Spuck, chorégraphe au Stuttgart Ballet, de la comédie satirique Léonce et Léna, écrite par Büchner en 1838. Hilarant, paraît-il.

En novembre, la Cinquième Salle accueillera Woyzeck, pièce inachevée qui a fait la renommée de Büchner, dans une relecture signée par le Sadari Movement Laboratory de Corée. Si cette adaptation minimaliste, entre théâtre, mime et danse, a satisfait certains critiques, elle en a laissé d'autres sur leur faim.

Parcours urbains

Pour ceux qui auraient envie d'une initiation à la danse, le Studio 303 concocte, début septembre, un «safari artistique urbain». Ou pourquoi ne pas se laisser entraîner par 12 danseuses à la découverte des ruelles de Montréal, grâce au projet Ruelles vertes, présenté à Transatlantique Montréal? Bonne route!