Les états généraux de la danse professionnelle du Québec se tiendront à Montréal du 23 au 26 avril, sous l'égide du Regroupement québécois de la danse (RQD).

C'est une occasion pour danseurs, chorégraphes, compagnies, enseignants, producteurs et diffuseurs de se rencontrer pour débattre d'enjeux, dont plusieurs menacent la pérennité même de la discipline. La démarche posera les jalons du Plan directeur de la danse professionnelle du Québec, qui guidera la discipline pour les années à venir.

La danse au Québec est riche d'histoire. C'est un milieu dynamique, pluriel, mû par des passionnés créatifs et des travailleurs acharnés, qui font des miracles avec peu et se donnent sans compter, physiquement et mentalement. Ils sont souvent tout à la fois chorégraphes, administrateurs, comptables, entraîneurs, agents de marketing et vendeurs...

Mais qu'ils soient jeunes ou âgés, le burn-out les guette et certains de nos meilleurs danseurs, chorégraphes et gestionnaires culturels quittent le métier. On parle même de générations sacrifiées et d'une relève qui, bien qu'elle soit débrouillarde et fasse preuve d'une solidarité étonnante, se sent lésée par rapport à ses prédécesseurs. En outre, la danse pourrait bénéficier d'une meilleure visibilité auprès du grand public, qui la connaît mal.

«C'est un défi que nous nous lançons d'en arriver ensemble et en toute lucidité à faire le point sur notre situation et à identifier les solutions aux problèmes que nous rencontrons», souligne Anik Bissonnette, présidente du RQD. Au menu de ces états généraux donc: recrutement, rétention, transmission des savoirs, éthique, contrôle de la qualité, mentorat, visibilité, infrastructures, santé et sécurité au travail...

Deux jours d'ateliers seront suivis d'une assemblée plénière, où l'on votera sur près de 80 propositions qui s'articulent autour de cinq grands thèmes: la relève et la pérennité de la discipline; les conditions de pratique du métier et les exigences de l'art; la consolidation et la régénérescence des infrastructures, c'est-à-dire «le béton» mais aussi les organismes; et les territoires de la danse québécoise.

Parmi les propositions, certaines interpellent les pouvoirs publics et les instances subventionnaires, mais près de la moitié d'entre elles s'adressent directement aux organismes et aux artistes. «C'est donc dire que ce milieu se responsabilise par rapport à un certain nombre d'enjeux et défis», précise Lorraine Hébert, directrice générale du RQD. «Nous pouvons nous-mêmes apporter certains changements dans nos façons de faire, qui permettraient d'utiliser au maximum ce dont la danse dispose déjà. Par exemple, de plus en plus de gestionnaires et de chorégraphes ont envie de devenir des mentors.»

Travaux préparatoires

En amont de ces états généraux, le milieu de la danse québécoise a procédé aux Grands Chantiers de la danse, une vaste phase préparatoire, amorcée en octobre 2007, pour stimuler le dialogue et s'assurer d'une compréhension commune des réalités et des défis de la pratique. Il en a été de plus de 4000 heures de rencontres, tables rondes, sondages, études et consultations, menées auprès de 300 artistes et travailleurs du milieu, lesquelles ont alimenté les 80 propositions qui seront débattues aux états généraux.

Clothilde Cardinal, codirectrice artistique et générale de la saison Danse Danse, souhaite que les retombées de ces démarches permettent au grand public de percevoir la danse comme un milieu ouvert, qui ne souhaite qu'aller à sa rencontre et se déployer dans les régions du Québec.

«C'est vrai qu'il manque de fonds, de structures, que la danse n'est pas assez présente dès l'enfance, et donc dans le coeur des gens, avoue Clothilde Cardinal, qui a présidé le comité ayant exploré la thématique des territoires de la danse. Je m'attends à ce que ces états généraux nous dotent d'un plan d'affaires pour nous permettre de réaliser nos objectifs. Mais pas seulement pour nous, pour vous aussi le public, les enfants, les parents...»

 

À l'agenda

Patchagonia, des Ballets C. de la B. jusqu'au 21 avril, à la Cinquième Salle de la Place des Arts.

Relevé de terrain, de Julie Lebel et La mémoire de l'eau, de Chantal Caron, du 16 au 19 avril, à Tangente.

Flower, de Lucie Grégoire Danse, du 21 au 25 avril, à l'Agora de la danse.

C12H22 O11, de Marie-Joëlle Hadd et Une poutre dans l'oeil, de Sarah-Ève Grant Lefebvre, du département de danse de l'UQAM, jusqu'au 18 avril, à l'Agora de la danse.