Dans la vie, David Pressault est d'un naturel calme et modeste. Sur scène, sa sensualité explose. Si Pressault ne danse plus lui-même, les chorégraphies qu'il signe sont toujours aussi charnelles, enveloppant le spectateur dans une bulle intimiste. Dans Corps intérieur, présenté dès ce soir au Monument-National, Pressault repousse la proximité entre interprètes et spectateurs.

De temps en temps, la danse, comme le théâtre, aime sortir le public de son fauteuil douillet pour le propulser au coeur de l'action. Avec Corps intérieur, David Pressault et ses six danseurs, Angie Cheng, Anne LeBeau, David Flewelling, Karina Iraola, Karsten Kroll et Daniel Soulières, invitent les spectateurs à déambuler dans un univers onirique, peuplé d'êtres étranges et de bêtes féroces. Le tout présenté entre des scènes où le corps n'a plus de limites parce que c'est celui que nous créons en rêve, celui que nous imaginons posséder lorsque notre inconscient prend le dessus.

 

«Je voulais explorer l'oeuvre ouverte, explique Pressault, celle qui dépend des choix que fait chaque spectateur - d'où il regarde l'action, comment il se déplace ou la manière dont il interagit avec les danseurs. Il se forge alors une expérience qui lui est propre, différente de celle du voisin.»

Mais on sait bien que ce genre de liberté intimide certains spectateurs, les clouant sur place. Même si on a supprimé les fauteuils, les plus timorés arrivent malgré tout à se poser sur un petit coin de plancher dont ils ne démordent plus. Comment diable Pressault va-t-il faire pour obliger les gens à circuler?

«On ne peut pas leur tordre le bras. Il faut les encourager, leur jouer des tours aussi. Les danseurs vont fendre la foule, bouger d'un endroit à l'autre. J'ai même créé de scènes dont le spectateur ne verra strictement rien s'il ne prend pas la chance de se coller à l'action.»

Les interprètes, pour qui le fameux quatrième mur peut aussi être un refuge, sont aussi nerveux devant un tel exercice déambulatoire. «Le spectateur pénètre dans un monde qu'on a créé spécialement pour lui. C'est énervant, confie Angie Cheng, mais c'est aussi très excitant parce que tout le monde doit s'impliquer à fond pour que ça fonctionne.» Même réaction chez Karsten Kroll: «Cette pièce est un immense défi pour moi. D'abord, parce que je joue un chien, une bête qui se trimballe tout le temps à quatre pattes et ce n'est pas une mince affaire!»

«En plus, j'interagis beaucoup avec les spectateurs et de façon assez surprenante et je ne sais pas du tout comme ils vont réagir», poursuit Kroll, qui, en passant, conseille aux spectateurs de faire bien attention à leurs chevilles.

Amjad se vend bien

Amjad, la plus récente production d'Édouard Lock parcourt la planète. Cette création, inspirée du Lac des cygnes et de La Belle au bois dormant, a été dansée dans plus de 50 villes à ce jour, de Londres à Paris, en passant par Tel-Aviv et Budapest. La compagnie annonce qu'elle a vendu plus de 100 000 billets, dépassant les ventes d'Amélia. À voir ou à revoir, à Montréal, du 30 avril au 2 mai 2009.

Ballet BC est hors de danger

Les créanciers de Ballet BC ont récemment accepté le plan de restructuration que leur proposait la compagnie de Vancouver. En décembre, celle-ci s'est vue contrainte, les ventes déclinant, de se prévaloir de l'avis d'intention de déposer une proposition en vertu de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité. Depuis, la présentation de Casse-Noisette a renfloué quelque peu les coffres et une collecte de fonds de 200 000 $ va bon train, assez pour leur permettre de réembaucher une partie des danseurs, qui avaient tous été mis à pied. La saison peut reprendre... jusqu'en février de moins.

À l'agenda

> Corps intérieur de David Pressault Danse, du 21 au 24 janvier et du 28 au 31 janvier, au Studio-théâtre Hydro-Québec du Monument-National.

> Vernissage Danse no 142, le 24 janvier, à 19 h et 21 h, au Studio 303.