On a pu apprécier récemment une époustouflante soirée de [bjm_danse], ex-Ballets Jazz de Montréal, composée d'un programme double, Les Chambres de Jacques, suivi de Jack in a Box, signé par la chorégraphe new-yorkaise d'origine albertaine Aszure Barton.

Bien que la première ait été créée en octobre 2006 à Albany et la deuxième en juin 2008 lors du Festival Canada Dance à Ottawa, les deux pièces offrent un miroir l'une de l'autre, comme deux fausses jumelles, avec des harmonies de couleurs et des figures différentes, mais bâties selon un principe similaire autour de lignes horizontales et diagonales. Et surtout, selon un même rythme effréné, envoûtant, qui mêle avec une délicieuse audace des musiques et des gestuelles issues de traditions très éclectiques. Le tout, pendant un peu plus d'une heure, d'une limpide virtuosité.

 

On voit ici une nouvelle illustration fort réussie de l'objectif poursuivi par la compagnie [bjm-danse] depuis que Louis Robitaille en a pris la direction artistique: mettre en valeur, en avant, les interprètes (11 dans la première pièce et neuf dans la seconde), hybrides et expressifs à souhait en plus de faire montre d'une très belle technique, et cela, en invitant des chorégraphes marquants et iconoclastes. La rencontre entre les interprètes et Crystal Pite de 2001 à 2004 reste mémorable, et celle qui s'est établie avec Aszure Barton, en résidence depuis 2006, s'avère tout aussi marquante.

Après avoir dansé avec le Ballet national du Canada, Barton travaille actuellement pour plusieurs autres compagnies à titre d'artiste invitée, notamment au nouveau Baryshnikov Arts Center de New York. Sa marque de fabrique est nette: un style incisif, ultra rapide et débridé, une épure scénographique qui met en valeur les corps à travers une écriture chorégraphique inattendue et sophistiquée, un sacré sens du mélange des genres, mélange de musiques, de références gestuelles, dans une facture très urbaine, sans oublier un sens singulier de la musicalité.

Les Chambres de Jacques et Jack in a Box offrent une parfaite démonstration de ces caractéristiques, en plus de constituer un spectacle très accessible, ludique, plein de clins d'oeil humoristiques aussi. Un divertissement de haut vol qui électrise la salle. Et la dernière scène de Jack in a Box, autour d'un banc d'école, clôt le spectacle de façon proprement géniale.

Un spectacle purement jouissif qui clôt la saison 2008 de Danse Danse, la saison 2009 s'ouvrant dès le 6 janvier avec Akram Khan et Juliette Binoche.