Dans le parcours créatif d'un artiste, il y a toujours une oeuvre qui représente une plongée en apnée, un autoportrait intime que l'on offre au public pour se dépouiller. Une oeuvre au noir.

Stéphane Gladyszewski en est là. Sa nouvelle pièce, Corps noir, est ce qu'il appelle joliment «un solo sur soi», sous une forme artistique hybride qui allie danse, technologies sophistiquées et imaginaire éternel, en droite ligne avec sa formation de photographe, son métier de danseur (notamment pour Daniel Léveillé) et son majeur en Arts interdisciplinaires complété à Concordia.

 

Les images et le corps, de façon à ce que le corps soit à la fois l'objet de la pièce et le support de projection de celle-ci, avec l'émotion en plus: «Et avec la poésie, souligne-t-il. Mon but est de créer une poésie en établissant un lien direct entre les éléments qui composent le spectacle. Ce solo est un autoportrait à la fois réel et fictif car, comme tout autoportrait, c'est une interprétation de soi.»

L'histoire de la pièce est touchante: «Je crois qu'avec In Side et Aura (ses précédentes pièces), j'ai compris ma relation à la vidéo et à l'image et j'ai eu besoin d'aller plus loin. J'ai bâti un projet sur deux ans autour de l'oeuvre d'Alexandre Burton, son interaction entre la lumière vivante et le système de projection vidéo thermique qui utilise la chaleur du support de projection. Mon but était de travailler autour de la chaleur humaine. J'ai établi un environnement technologique et ensuite j'ai voulu y inclure trois danseurs, mais très vite j'ai compris que je souhaitais un solo.»

Il décide donc de plonger à fond, passe un test de Rorschach (interprétation de taches noires sur carte-écran) avec une psychologue qui en fait une interprétation détaillée et fournie, enregistre des kilomètres de commentaires faits sur lui par les autres, à leur insu ou non, et passe au crible l'histoire de son ascendance.

Lui qui voulait travailler sur la thermie du corps humain côtoie les profondeurs magnétiques de son inconscient: «En plus d'évènements majeurs survenus dans ma vraie vie, comme le retour de mon père à Montréal pour la première fois depuis 16 ans, ou ma réflexion sur l'influence de mes parents, tous deux musiciens.» Il semble bien qu'avec Corps noir, Stéphane Gladyszewski ose une renaissance.

Retour du Crépuscule des océans

Stéphane Gladyszewski a fait partie des distributions premières de la trilogie de Daniel Léveillé, Amour, acide et noix, La pudeur des icebergs et Le crépuscule des océans, mais ne peut être de la reprise du Crépuscule des océans qui a lieu du 12 au 15 et le 20 novembre à l'Agora de la danse. Heureuse nouvelle que la reprise de cette pièce majeure du grand chorégraphe, aussi exigeante pour les sept interprètes qu'envoûtante pour les spectateurs, sur la musique de profundis de Beethoven. www.agoradanse.com

Générations au Studio 303

Explorations intergénérationnelles au programme du Vernissage-danse de novembre au studio 303. Exploration des relations parent-enfant à travers la danse, comme dans la vidéo de Ginette Laurin avec son fils Rémi Laurin-Ouellette ou la reprise de Mama dances d'Eryn Dace Trudell, relation entre deux générations comme dans le duo de Clara Furey et Claude Godin, ou rapport au vieillissement et à la mémoire avec Karen Bernard et Leigh Evans. Une soirée riche et passionnante le 15 novembre à 19 h et 21 h. www.studio303.ca

 

À l'agenda

> Corps noir, de Stéphane Gladyszewski, du 13 au 16 et du 20 au 23 novembre à Tangente

> Kylian le grand, d'Anik Bissonnette et Mario Radacovsky, du 13 au 15 novembre au Théâtre Maisonneuve

> Warning, de Dave St-Pierre et Mandala Sitú, du 13 au 15 novembre à La Chapelle

> Le crépuscule des océans, de Daniel Léveillé, du 12 au 15 et le 20 novembre à l'Agora de la danse

> Vernissage-danse: Générations, le 15 novembre au Studio 303