Jean-Sébastien Couture, 26 ans, Shay Kuebler, 24 ans, Lacey Smith, 25 ans, et Tiffany Tregarthen, 27 ans, sont lauréats du premier concours chorégraphique des Grands Ballets canadiens de Montréal (GBCM). Le 25 septembre, à l'Agora de la danse, ces jeunes Canadiens, choisis parmi une vingtaine de candidats, dévoileront les pièces qu'ils ont signées pour des danseurs des GBCM.

«J'étais tout nu dans ma douche quand j'ai pris l'appel des Grands qui m'annonçaient, à ma surprise, que j'étais choisi», rigole Shay, un danseur électrique (il brillait dans Smash Up de Dana Gingras, au dernier FTA). Pour ces jeunes chorégraphes, ce concours est une occasion inespérée: ils sont logés, nourris, payés et disposent de cinq semaines pour travailler avec des danseurs expérimentés, dans des conditions professionnelles.

 

Vers la fin du processus, ils recevront aussi les conseils de mentors, dont Gradimir Pankov, directeur artistique des GBCM, et Stéphan Pépin, directeur de production. «En ce moment, on les voit peu parce que je crois qu'ils ne veulent pas influencer nos choix artistiques», explique Jean-Sébastien, danseur soliste aux GBCM depuis sept ans.

Pour l'heure, les jeunes chorégraphes s'épaulent très bien entre eux. «Tiffany, par exemple, m'a aidé à prendre du recul», avoue Lacey, qui prépare un quatuor. «Je lui ai simplement dit, réplique Tiffany, que ça m'arrivait à moi aussi de tellement me concentrer sur les détails que j'en perdais le fil de ma création. C'est rassurant d'aller vérifier que les autres ressentent la même chose que moi.»

Les jeunes créateurs en apprennent aussi beaucoup au contact des danseurs des GBCM. «Mes interprètes en savent parfois davantage que moi, côté technique. Comme dans le travail avec partenaires, que j'aborde plus intuitivement qu'eux», avoue Lacey, diplômée en danse de l'Université Ryerson, mais qui n'avait, jusqu'à maintenant, chorégraphié que sur elle-même ou des amateurs.

La diversité culturelle de ses interprètes fascine Tiffany. «À mon insu, une des répétitions pour un passage en duo de ma pièce s'est déroulée en espagnol. Le jour suivant, ça parlait français! Les danseurs se font comme ça, sans même que j'aie à intervenir, de petits conciliabules pour résoudre certains problèmes. Ils ont une sacrée intuition et savent exactement quoi faire pour arrimer ce que je leur demande avec ce dont ils ont besoin pour s'y sentir à l'aise», explique celle qui a appris son métier en assistant des chorégraphes, notamment Mia Michaels, juge à l'émission américaine So You Think You Can Dance, et dont elle a fait partie de la troupe, R.A.W., à New York.

Et Jean-Sébastien d'ajouter: «Il arrive qu'en répétition, mes danseurs soient perdus. Mais j'ai appris à ne pas m'en faire parce que, le lendemain, tout est réglé. Un danseur, ça rentre à la maison, le soir, et ça repense à la répétition, à la musique, les détails se placent, et ça y est! C'est ça, travailler avec des professionnels.» Shay, qui a notamment fait ses classes dans le milieu du hip-hop et qui chorégraphie dans un style très urbain, se prend à aimer le lyrisme des danseurs classiques. «Moi, quand je danse, c'est brut, presque violent. Avec eux, ma gestuelle se fait toute belle. Disons que je suis le côté obscur de la Force et eux, le côté clair (rire). Il s'agit de trouver le juste milieu.»

Mais tout ce soutien n'empêche pas l'insomnie! Jean-Sébastien garde un cahier près de son lit pour y noter les idées pour sa chorégraphie qui surgissent souvent la nuit. «Une chance que la danse est ma passion, parce que ça me consume 24 heures sur 24», soupire Tiffany. «Souviens-toi, lui lance Lacey, Gradimir t'a dit de ne pas t'en faire, que c'était normal de ne pas arriver à décrocher.»

Le 27 septembre, lors de la dernière représentation, on saura qui, de Jean-Sébastien, Shay, Lacey ou Tiffany, aura gagné le prix David Sela, décerné par le public. Dès le lendemain, tout ce beau monde rentre à la maison, sauf Jean-Sébastien, qui part en tournée avec les GBCM. Tous deux basés à Vancouver, Shay et Tiffany s'y retrouveront le temps d'un festival, tandis que Lacey continuera de se faire l'une des rares apôtres de la danse professionnelle de London, en Ontario.

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Concours chorégraphique des GBCM, du 25 au 27 septembre à l'Agora de la danse.