La Catalogne s'installe chez nous. Pendant 10 jours, pour finir l'été avec chaleur, l'Agora de la danse propose quatre spectacles typés avec quatre danseuses qui ne le sont pas moins. Àngels Margarit et Sofia Asencio ouvrent le bal mercredi.

«C'est un aperçu du bouillonnement catalan actuel», dit Francine Bernier, directrice de l'Agora de la danse, au sujet du premier volet de sa série Destinations: Danse, qui nous invite à prendre un vol direct vers une destination où la création en danse contemporaine est effervescente.L'effervescence catalane, c'est un euphémisme, tant la communauté autonome espagnole compte de chorégraphes inspirés, ancrés dans une affirmation identitaire et artistique.

Cette réalité s'impose comme une évidence en Europe. La Catalogne aligne trois générations de danseurs contemporains. La première, franquisme oblige, s'est surtout formée et a rayonné à l'étranger avant de revenir chez elle avec des idées dynamiques. En force.

La Catalogne est donc une sorte de ruche, ou plutôt une ferme. L'Animal a l'esquena, ancienne ferme située à une demi-heure de Barcelone, constitue en effet un des principaux centres de création de la région. Il est dirigé par un couple de danseurs, Pep Ramis et Maria Muñoz, que l'on pourra voir à partir du 26 août.

Contact direct avec le public

C'est à Àngels Margarit et à Sofia Asencio que revient l'honneur de lancer les festivités. Hiératiques, brunes et anguleuses, les deux solistes privilégient le contact direct, à la fois viscéral et cérébral, avec le public.

Célèbre depuis la fin des 70 et la seule à être déjà venue ici, Àngels Margarit présente Solo por placer, solo en tenue de ville noire avec une corde blanche sur fond de violoncelle. L'extraordinaire économie de moyens de la danseuse laisse place à l'appréciation brute et incontestable de son expérience.

«Elle est très connue, dit Francine Bernier, mais j'avais peur que ce soit trop cérébral. Pas du tout! Elle crée une connexion charnelle immédiate avec le public et ne le lâche plus, en racontant une histoire géographique. C'est réglé au millimètre près, subtil, envoûtant, et tout ça avec presque rien, juste le corps, l'expressivité, la danse. Elle m'a complètement gagnée!»

La jeune Sofia Asencio, avec Volumen II, offre également un solo trépidant avec peu de moyens. En pantalon et en t-shirt, elle s'enveloppe progressivement de ruban blanc (le même qu'on utilise ici pour les bâtons de hockey), faisant disparaître ses membres pour se transformer en tronc humain, entravé et comprimé. C'est un discours politique et social rendu sur une musique trépidante et qui ne laisse certes pas indifférent: «On peut y voir beaucoup de choses, conclut Francine Bernier, mais ça installe un vrai malaise.» Asencio offrira un atelier à Tangente pendant son séjour.

Et ce n'est pas tout. Après les spectacles, convivialité méditerranéenne oblige, tapas, vin et musique seront au programme, sans oublier les discussions avec les chorégraphes et les organisateurs, animées et traduites, par la journaliste Fabienne Cabado. Un vol direct vers le plaisir.

Solo por placer, d'Àngels Margarit, et Volumen II de Sofia Asencio, du 20 au 23 août à 19h30 et 21h, à l'Agora de la danse.