Impromptu est une comédie qui fait rire. Beaucoup. Passé le divertissement, toutefois, on risque de l'oublier très vite.

Une duchesse française qui s'ennuie invite les grands artistes et intellectuels de son époque - George Sand, Alfred de Musset, Frédéric Chopin, Eugène Delacroix et Franz Liszt - à passer un mois à sa maison de campagne.

Au centre de l'intrigue, George Sand a probablement eu des relations avec chacun des hommes présents, sauf le duc bougon. L'écrivaine est surtout là pour séduire Chopin, étant tombée amoureuse de sa musique. La petite histoire nous indique qu'ils passeront, par la suite, sept ans ensemble et que le compositeur mourra peu de temps après leur séparation.

La pièce ne va pas jusque-là. Elle décrit plutôt les beuveries interminables d'artistes excentriques qui profitent goulument de la bonté d'une aristocrate en tuant le temps à coups de bonnes bouteilles et de grandes bouffes.

Des caricatures réussies

Malgré les efforts de Marie-Josée Bastien à l'adaptation, le scénario original (écrit pour le cinéma) n'a pas la profondeur ni l'intérêt, dans le genre improvisation mixte autour de la vie d'artistes, d'un texte comme celui de John Logan sur le peintre Mark Rothko, Red (Rouge), présenté au même Rideau Vert il y a quatre ans.

Impromptu ne vaut le déplacement, en fait, que pour l'énergie contagieuse déployée par les interprètes.

Sous la direction de Stéphan Allard, ils et elles étirent l'élastique de la comédie en composant des caricatures réussies, quoiqu'on tombe parfois dans la bouffonnerie bon marché.

Comme il arrive souvent dans ce genre de spectacle, les acteurs de soutien ont le beau rôle. Derrière l'assurance de George Sand (Myriam LeBlanc) et la fragilité de Chopin (Maxim Gaudette), les Luc Bourgeois (Alfred de Musset), David Savard (Franz Liszt) et Sonia Vachon (duchesse d'Antan) s'en donnent à coeur joie, faisant jaillir des explosions de rire dans la salle.

Entre les moments d'hilarité, l'histoire d'amour, entre les personnages attachants de Myriam LeBlanc et de Maxim Gaudette, finit par passer au second plan. On peut admirer la liberté de parole de Sand et le sens de la rigueur de Chopin, au passage, mais il s'agit surtout de créer une franche rigolade autour de la misère des riches et de l'image des artistes.

Photo François Laplante Delagrave, fournie par le Rideau Vert

Entre les moments d'hilarité, l'histoire d'amour, entre les personnages attachants de Myriam LeBlanc (au centre) et de Maxim Gaudette (à l'arrière), finit par passer au second plan.

Ceci et cela devraient malheureusement conforter une certaine opinion négative à propos de la «fainéantise» de ceux et celles qui «vivaient», dans ce temps-là, aux frais de riches mécènes. Mais, dans ce cas-ci, on ne peut pas reprocher aux interprètes d'avoir chômé afin de dérider le public.

Le décor de Jean Bard et les costumes de Sébastien Dionne sont réussis, mais il reste cet embêtant détail: les perruques de certains personnages masculins tracent parfois une vilaine ride sur leur front. Un peu de «colle folle», quelqu'un?

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Impromptu. Adaptation de Marie-Josée Bastien, d'après le scénario de Sarah Kernochan. Mise en scène de Stéphan Allard. Au Rideau Vert jusqu'au 21 avril.

Photo François Laplante Delagrave, fournie par le Rideau Vert

Dans Impromptu, une duchesse française qui s'ennuie invite les grands artistes et intellectuels de son époque à passer un mois à sa maison de campagne.