Créé en février 2017 au Palais des sports à Paris, puis repris l'été dernier au Capitole de Québec, le spectacle musical Saturday Night Fever arrive enfin à Montréal avec sa dynamique troupe qui embrase la scène du St-Denis.

Cette adaptation du film culte qui a lancé la carrière internationale de John Travolta tient-elle la route? La réponse est oui, surtout dans la première partie festive et électrique. Hélas, la fièvre refroidit de quelques degrés après l'entracte, alors que l'histoire s'étire inutilement et que les numéros de danse se font plus rares.

On le sait à force de le voir en tête d'affiche: c'est Nico Archambault qui joue Tony Manero, le roi de la piste de danse et la coqueluche de la discothèque L'Odyssée à Brooklyn. Il est entouré de 19 artistes québécois et français, dont sa conjointe Wynn Holmes, avec qui il fait revivre sur scène le couple mythique du cinéma.

Bien sûr, tous les deux sont magnifiques et bougent très bien; leur complicité est palpable. Toutefois, sur le plan du jeu, le registre de la danseuse est plus limité que celui de son partenaire.

Le metteur en scène Stéphane Jarny a choisi d'ajouter un personnage de DJ/narrateur qui interpelle le public et résume l'histoire; il est campé par le sympathique Gwendal Marimoutou. Il y a aussi David Latulippe et la sublime Nevedya qui chantent sur scène. Cette dernière était très en voix à l'avant-première.

Le programme musical reprend des airs disco bien connus, dont les chansons à succès des Bee Gees (Stayin' Alive, Night Fever, You Should Be Dancing...) et d'autres artistes (Disco Inferno, A Fifth of Beethoven).

Le talent des interprètes y est pour beaucoup dans la force de ce spectacle visuellement très riche (décor, éclairages, costumes, projections vidéo, toute la conception visuelle est grandiose!). Les danseurs bougent comme des dieux et mettent en valeur les magnifiques chorégraphies de Malik Le Nost, signées en collaboration avec Nico Archambault.

Jeunesse et beauté

Toutefois, dans l'adaptation, les créateurs sont restés trop fidèles à l'histoire du film sorti en 1977, avec ses côtés autant joyeux que sombres. Or, 40 après plus tard, on ne va pas voir La fièvre du samedi soir pour suivre les intrigues secondaires des amis et des parents de Tony Manero ou pour s'épancher sur les états d'âme du couple qu'il forme avec Stephanie Mangano ! On va voir SNF pour la beauté de la danse et l'énergie de la jeunesse.

Ici, le musical colle au film dans les moindres détails, au lieu de s'inspirer de son scénario pour devenir un vrai livret de comédie musicale. De plus, l'entracte casse le rythme de la représentation, qui aurait pu être resserré.

Lorsqu'on doit faire appel au public pour danser sur scène, au début du deuxième acte, on manque peut-être de matériel dramatique.

Or, le spectacle vaut le prix du billet simplement pour les chorégraphies festives de Malik Le Nost (qui a travaillé auprès de Katy Perry et de Madonna) et la reconstitution d'une époque où tous les fantasmes étaient permis. D'ailleurs, à compter le nombre de têtes blanches dans la salle mercredi soir, il y avait de la nostalgie dans l'air...

* * * 1/2

Saturday Night Fever. Mise en scène: Stéphane Jarny. Chorégraphe: Malik Le Nost. Avec Nico Archambault, Wynn Holmes et Gwendal Marimoutou. Au Théâtre St-Denis jusqu'au 1er avril.

Photo fournie par la production