On n'est jamais pris au sérieux quand on a 16 ans et qu'on a la vie devant soi pour épancher sa quête de sens; sa soif d'absolu. Voilà le tendre drame de Jade. La jeune fille est coincée entre une mère blasée (qui passe son spleen en buvant du vin devant sa télé et «son» Ricardo) et sa meilleure amie, Antigone (qui porte sa révolte comme une parure).

Alors, à l'instar d'autres adolescents, Jade développe une amitié amoureuse sur l'internet. Elle clavarde avec un jeune homme qui, lui, croit connaître la Vérité sur le sens de la vie. Lentement, Jade se radicalisera et décidera d'aller le rejoindre à Antioche, en Turquie...

Dans sa nouvelle pièce - faite sur mesure pour un public d'adolescents et de jeunes adultes -, Sarah Berthiaume s'inspire librement du personnage immortel de la tragédie de Sophocle, pour nous rappeler ceci: la quête de la jeunesse est belle et éternelle. Après environ 2500 ans, rien ne change et tout a été dit... Reste la manière de raconter les choses.

Antioche est une réussite tant dans sa forme que dans son propos. L'auteure maîtrise à merveille l'art du récit théâtral, la transposition et le choix des mots qui se déposent dans notre imaginaire.

Ses trois personnages féminins sont des archétypes de la colère qui résulte de blessures profondes et humaines. Ils sont bien écrits et interprétés, au point qu'ils reflètent nos doutes, nos révoltes intimes et nos drames personnels face aux injustices de la vie. Peu importe les époques, les rages, les indignations ou les générations...

L'auteure cite Antigone de Jean Anouilh, créée à Paris en 1944, sous l'occupation allemande, et la scène d'ouverture du film Trainspotting: «Choose life. Choose a job. Choose a career. Choose a family. Choose a fucking big television», etc. C'est parfaitement intégré à la trame narrative.

Sarah Laurendeau, une révélation!

En Martin Faucher, Mme Berthiaume a trouvé le créateur idéal pour porter sa parole sur la scène. Faucher éclaire ce texte grave et doux, avec des moments poétiques et humoristiques. L'environnement simple mais signifiant laisse toute la place à l'excellent trio d'interprètes. 

Dans le rôle d'Antigone, Sarah Laurendeau est une révélation. Pure, lumineuse et charismatique, la jeune comédienne incarne l'héroïne universelle avec fougue et justesse. Lorsqu'elle chante son ode à la liberté, elle illumine autant la salle que notre coeur!

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Antioche. De Sarah Berthiaume. Mise en scène de Martin Faucher. Production du Théâtre Bluff. À la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier jusqu'au 25 novembre.

Photo fournie par le Théâtre Denise-Pelletier

Sarah Laurendeau est pure, lumineuse et charismatique dans le rôle d'Antigone.