La pièce 100 % Montréal représente un magnifique cadeau qu'offre le Festival TransAmériques à sa ville, territoire mohawk non cédé, comme l'ont souligné les dignitaires, pour célébrer son 375anniversaire en toute intelligence et émotion.

En l'absence de deux enfants, qui avaient d'excellentes raisons de ne pouvoir être du spectacle jeudi soir, ils étaient 98 Montréalais et surtout Montréalaises, puisque la ville compte une population majoritairement féminine, sur scène afin de tracer le portrait de ce Montréal qu'on connaît si peu dans le fond. 

Les participants se présentent individuellement au début, ce qui donne déjà lieu à des scènes cocasses et émouvantes. Il n'y a pas d'acteurs parmi eux, mais plusieurs démontrent un certain talent artistique. Surtout les enfants dont l'énergie contagieuse fait en sorte que les moments un peu longuets de la représentation possèdent tout de même un intérêt grâce à l'attachante humanité qui se déploie sur scène. 

La beauté de ce théâtre-réalité réside dans la fenêtre qu'ouvre le travail du Berlinois Rimini Protokoll sur l'intimité de ces gens côtoyés tous les jours au travail, dans le métro ou à l'école. Les spectateurs ont droit à des bouts marquants de leur vie, à leurs opinions sur un paquet de questions d'intérêt public (logement, loi 101, peine de mort, etc.), à leurs intérêts et leurs préoccupations. 

Ils et elles sont Montréal, une courtepointe colorée, vivante, sous nos yeux souvent étonnés par leurs prises de position. 

Un échantillon de 100 personnes sur près de deux millions d'habitants, c'est bien peu, disent les purs et durs des sondages, mais pour une fois que la diversité montréalaise est si bien présente sur scène, on ne saurait nier l'intérêt d'un tel documentaire scénique.

Entre autres choses, on y voit un conseiller municipal anglophone de Westmount danser sur du Yann Perreau, une grand-maman exprimer sa solitude, deux réfugiés syriens heureux d'être ici, une jeune Inuit et une transgenre dubitatives, ainsi que trop d'entre eux qui ont pensé au suicide et/ou vécu la violence de la guerre.

On entend plusieurs langues sur scène, trop, diront certains. Trop d'anglais, préciseront d'autres. Mais il n'y a pas deux ou dix solitudes ici. Tous entrent dans la danse. Quelques-uns auront même créé des amitiés insoupçonnées malgré leurs divergences fort nombreuses. 

Il y a là un Montréal à voir, à apprendre et à assumer. Dommage que le maire de la ville n'ait pu assister au spectacle jeudi. Il aurait, comme tout le public présent, appris une chose ou deux sur SA ville. 

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Au Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts, samedi soir et dimanche