De l'arrivée des premiers colons français à Expo 67, en passant (dans le désordre) par la construction du pont Victoria, les Jeux olympiques de 1976, l'aménagement du canal de Lachine, les incendies de 1721, la première Coupe Stanley (en 1893) ou encore l'ouverture du Théâtre du Rideau Vert, Avudo ratisse large.

L'équipe du metteur en scène Daniele Finzi Pasca a beaucoup insisté sur le caractère non linéaire de ce spectacle multimédia gratuit, présenté dans le Vieux-Port depuis mercredi. Elle ne voulait pas d'une chronologie historique ou d'un spectacle « pédagogique ». Une décision tout à fait défendable.

On nous promettait plutôt des anecdotes qui contribueraient à raconter « l'histoire de Montréal à travers son fleuve ». Fort bien. Mais le désir d'inclure tous les moments clés de notre histoire et tous les symboles forts de notre Ville (le métro de Montréal, le Stade olympique, le marché Bonsecours, les clubs de jazz, etc.) était sans doute trop fort.

Dans ce contexte, seules quelques anecdotes d'Avudo (comme la vie nocturne dans la taverne Joe Beef, la remise de la canne à pommeau d'or au premier bateau du printemps à arriver au port ou encore les premières pubs des pains POM) ont survécu (heureusement !) à cette pétarade de clins d'oeil historiques obligés.

Résultat : un spectacle un peu échevelé, qui va dans toutes les directions sans distinguer les petits et grands moments de notre histoire. À ce compte-là, on aurait préféré une présentation chronologique (et un meilleur tri des événements). D'autant plus que le mince fil narratif promis - le regard d'une petite fille iroquoienne - est à peine visible.

VISUELLEMENT MAGNIFIQUE

Malgré ces réserves sur le contenu d'Avudo, Finzi Pasca et son équipe (Hugo Gargiulo, Alexis Bowles, Marc-André Goyer et Geneviève Dupéré) ont réussi à créer un univers visuel époustouflant.

Le spectacle s'ouvre sur l'image d'un canot d'écorce qui avance tranquillement sur le fleuve, tel un spectre. À son bord, deux autochtones échangent quelques mots. On se croirait catapulté dans le temps. Avudo, il faut le dire, réussit parfaitement à créer ces effets fantomatiques.

Illustrations, animations et autres documents d'archives sont projetés sur une centaine de conteneurs dressés devant nous en colonnes inégales, mais aussi sur quatre écrans d'eau qui se déploient comme des queues de paon. Des envolées d'oiseaux, des bateaux à vapeur qui voguent sur le fleuve, des courses de chevaux : c'est magnifique.

Le segment portant sur la taverne Joe Beef est très réussi, les bâtiments de l'époque étant recréés avec beaucoup de réalisme sur les piles de conteneurs. Idem pour les incendies du XVIIIe siècle et la construction du canal Lachine, creusé à la pelle, que l'on peut voir dans un document très parlant.

La musique de Maria Bonzanigo enveloppe parfaitement Avudo - nous sommes immergés grâce aux nombreux haut-parleurs placés dans les gradins et sur le quai King-Edward. Le point culminant ? Une superbe interprétation d'À la claire fontaine enregistrée par les Petits Chanteurs du Mont-Royal.

Parmi toutes les figures fantomatiques d'Avudo, une seule importait vraiment pour Finzi Pasca : celle de sa compagne Julie Hamelin, qui a succombé à une maladie cardiaque il y a près d'un an. Une femme amoureuse de Montréal que ses proches ont certainement pu voir à travers les rideaux de pluie.

Du jeudi au samedi à 21 h 30 ou à 22 h 30. En juillet, ce sera du mercredi au samedi. Les billets sont gratuits, mais il faut réserver ses places.