Une bonne revue de l'année fait rire, surprend et décape. On nous promettait tout cela avec Salut 2016! Cabaret politique et bouffonneries, mais le spectacle est finalement une longue succession de sketches amateurs et d'imitations décevantes.

«La revue de l'année la plus mordante en ville», indique-t-on pourtant sur le site internet du Club Soda, où le spectacle est présenté jusqu'au 28 décembre, avant de partir à Québec. Or, mis à part des considérations qui n'ont rien à voir avec la troupe, comme le portier qui indique sans dire un mot le vestiaire pour que nous y déposions notre manteau ou le barman qui sourit autant qu'un douanier américain pendant les vacances de la construction, le mordant est plus ou moins absent.

Le sympathique numéro d'ouverture annonçait pourtant une soirée dans la tradition des revues de l'année du Théâtre du Rideau Vert. Ce n'est finalement pas le cas. Produit cette année pour la première fois par Juste pour rire Spectacles, Salut 2016! était autrefois présenté dans un bar de quartier. Il aurait dû y rester, puisqu'on aurait été plus enclin à accepter les imprécisions. Mais quand on a l'ambition d'être un spectacle professionnel, les attentes sont élevées.

On sent pourtant la bonne volonté des comédiens. Maryève Alary, Pénélope Jolicoeur, Philippe Lemieux, Véronique Pascal, Guillaume Regaudie et Dominic St-Laurent donnent tout ce qu'ils ont. Alors que la mise en scène semble reposer sur peu de ressources, nous leur levons notre chapeau.

Ce qui brise toutefois la magie déjà manquante est la faiblesse des imitations. 

Manon Massé, à qui l'on met une perruque blonde - la députée est pourtant connue pour sa tignasse blanc et gris -, est même la cible de quelques blagues homophobes. 

«Ce qui est bien avec Québec solidaire, c'est que même avec trois députés, ils conservent la parité hommes/femmes».

Anne-France Goldwater, surnommée Anne-France Goldenshower, anime désormais La bite au lieu de L'arbitre. Elle nous explique pendant de longues minutes sa haine des hommes, sauf, bien sûr, quand ça lui rapporte.

Puis, le sketch sur l'émission Le doigt dans l'oeil du dragon présente un Gilbert Rozon, une Danièle Henkel et un Mitch Garber clownesques, sans être drôles. Ils accueillent sur leur plateau des participants à la recherche d'investissements, dont Jean-Philippe Wauthier, l'animateur de La soirée est (encore) jeune, qui n'est plus capable de sortir de Radio-Canada parce que «[ses] cheveux, [son] ego pis [lui] on ne passe plus dans les portes».

Des longueurs et des déceptions

Le spectacle décolle finalement après l'entracte (!) avec la présentation de quelques bons numéros. Le sketch qui met en scène une mère berçant son petit Téo, alors que ses fils Uber et Taxi se chamaillent, est réussi. L'imitation de Béatrice Martin, alias «Queer» de pirate, qui chante LGBTQRSTUV et W sur les airs du succès de Mary Poppins, Supercalifragilisticexpialidocious, fait rire.

Mais cette deuxième partie du spectacle n'arrive toujours pas à maintenir sa vitesse de croisière. Le «crash» est alors inévitable.

Le pastiche de Céline Dion n'est pas convaincant. Il faut le rappeler: les imitateurs de la diva de Charlemagne sont si nombreux à maîtriser ses mimiques qu'une mauvaise interprétation mène à un verdict sans appel: c'est refusé. Puis, on ne sait comment réagir au clou du numéro, où elle verse sur scène le contenu de l'urne de René Angélil. «Ça ne sera pas le premier Syrien à finir en cendres»...

Dans le communiqué de presse faisant la promotion du spectacle, on parle d'une revue de l'année à l'esprit «bric-à-brac». C'est finalement le numéro de Célibataires et murs, un clin d'oeil à l'émission Célibataires et nus, avec Donald Trump et Hillary Clinton comme participants, qui résume bien ce qu'on voulait dire. Sommes-nous dans un show de Cégeps en spectacles?

La réponse est non, car le billet, vendu à 35 $, nous rappelle que Salut 2016! se veut professionnel. Or, ce qu'on nous présente à fort prix est une version cheap de ce qui a été mieux fait ailleurs.