Excellente production du Théâtre Bistouri, Les ossements du Connemara est une comédie très noire, comme la terre qu'elle remue. Quand le rire fait mal...

Les ossements du Connemara creuse la terre noire du désoeuvrement pour en rire. Au fond du trou, la pièce de l'Irlandais Martin McDonagh atteint les recoins les plus sombres de l'âme d'un groupe de paumés.

Mick Dowd (Hugo Giroux) a le sale boulot de déterrer les morts pour faire de la place au cimetière. Pis encore, il doit exhumer le squelette de sa femme morte il y a sept ans dans des circonstances nébuleuses le mettant en cause.

Son entourage doute de lui. Mary Rafferty et ses petits-fils Martin (Marc-André Thibault) et Thomas (Pierre-Luc Brillant) tournent autour du cadavre de sa culpabilité jusqu'à ce qu'il flanche. 

Ils sont laids. Ils sont sales et ignorants, mais ils sont débrouillards en chien.

Ces Bougon irlandais boivent comme des trous et s'y enfoncent au fil du récit et des répliques assassines. Dans un climat délétère de suspicion et d'accusations feutrées.

La violence devient inévitable, seul cul-de-sac possible. Toute l'action se déroule le soir et la nuit où il n'y a pas que les chats qui soient gris. Entre eux, ces quatre ratoureux sont vils et mesquins, revanchards et méprisants.

Danielle Proulx et Marc-André Thibault dominent la distribution. Dans un rôle extrêmement physique où il doit lever des dizaines de pelletées de terre, Hugo Giroux manque toutefois de nuance dans son jeu. La mise en scène souligne parfois trop le rire facile, mais les éclairages et la scénographie sont remarquables. 

Les ossements du Connemara fait rire jaune, en fait. Et puis vlan! La violence écrase tout et a le dernier mot. Nous sommes projetés dans ce trou sans fond où même les morts ne dorment plus tranquilles.

* * * 1/2

Les ossements du Connemara. Texte de Martin McDonagh. Traduction de Marc-André Thibault. Mise en scène de Sébastien Gauthier. Au Théâtre Prospero jusqu'au 26 novembre.