Avant même de présenter hier soir au Théâtre St-Denis Femme ta gueule, son tout premier one-woman-show, Mariana Mazza annonçait déjà ses couleurs en distribuant un programme dévoilant une vulve. Quoi de plus naturel pour la jeune humoriste de 26 ans qui doit son premier Olivier en carrière à un sketch intitulé «Sable dans le vagin».

Dans la vie comme sur scène, Mariana est une femme libre. Libre de tout tabou, de tout complexe, de toute pudeur. Sans filtre, elle a livré pendant près de 90 minutes un texte dopé à la testostérone, une hormone qu'elle dit d'ailleurs avoir dans des proportions anormalement élevées dans son corps, comme le confirment sa voix et sa pilosité, de son propre aveu.

Dans Femme ta gueule, Mariana Mazza écorche les idées reçues sur la gent féminine, principalement celles véhiculées par les hommes. 

L'humoriste est catégorique: la fellation n'est pas une obligation et la masturbation est un plaisir solitaire qui devrait être célébré.

La jeune humoriste ponctue ses sketchs de la lecture de messages reçus sur Facebook. Entre hilarité et stupeur, on rit parfois jaune des insanités que la jeune femme peut recevoir et qu'elle dénonce avec humour.

Mariana joue également sur les stéréotypes liés au genre, naviguant sans cesse entre sa féminité et sa masculinité. Et pour parler de ses conquêtes sexuelles, elle n'hésite pas à dire qu'elle «envagine» ses partenaires. Mais ne lui dites surtout pas qu'elle est une femme qui a des couilles!

La jeune femme apporte une touche plus personnelle à son propos en parlant de sa famille avec beaucoup d'autodérision. Sa relation avec sa mère et les conseils maternels entourant le cycle menstruel de sa fille donnent d'ailleurs lieu aux meilleures blagues de la soirée.

Mariana Mazza brille avant tout par sa vivacité d'esprit. La jeune humoriste a fait ses devoirs depuis le laboratoire Mazza/Fortin deux ans plus tôt. Elle est arrivée à canaliser son énergie débordante pour la transformer en solide charisme sur scène. Même si, en 90 minutes, elle prononce toujours le mot «vagin» plus souvent qu'un gynécologue-obstétricien, Mariana Mazza dépasse la simple vulgarité grâce à un spectacle bien ficelé dont la conclusion nous a particulièrement plu.

Quand Mariana Mazza a décidé de faire de l'humour, c'était pour faire entendre sa voix. Ce qu'elle ignorait alors, c'est que grâce à son spectacle, elle en donnerait également une à de nombreuses jeunes femmes qui ne s'autorisent pas encore à trouver la leur. Et juste pour ça, même si parfois on aimerait qu'elle prenne le temps de respirer, on souhaite que Mariana ne garde jamais sa langue dans sa poche.

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Jusqu'au 12 novembre au Théâtre St-Denis (16 ans et plus).