Une vraie belle fête que se paie, pour ses 15 ans, le Théâtre de la Banquette arrière avec cette pièce du créateur du personnage de Don Juan, Tirso de Molina.

Des Don Juan, il y en a trois dans cette pièce du dramaturge contemporain de Shakespeare, Tirso de Molina. Un éconduit, un trop timide et un troisième trop sûr de lui. 

Un paysan, Mireno (Renaud Lacelle-Bourdon), veut changer de vie. Par une ruse, il s'introduit au palais avec un ami et tombe amoureux de Magdalena (Sophie Cadieux). Pendant ce temps, la soeur de celle-ci, Seraphina (Kim Despatis), fait l'objet d'une cour assidue de Don Antonio (Éric Paulhus). Tant mieux, le père des deux jeunes femmes, le duc d'Aveiro (Roger La Rue), souhaite les marier coûte que coûte.

Avec cette histoire d'une autre époque, le metteur en scène Alexandre Fecteau et sa troupe s'amusent fermement. Ils multiplient les apartés et cabotinent parfois, mais tout reste dans le ton de la franche camaraderie dont les spectateurs font partie.

Si les jeux de domination, de pouvoir et de séduction n'ont guère changé depuis le XVIIe siècle, la réalité des femmes, oui. Et la troupe ne se gêne pas pour en parler directement à l'assistance. 

À la fin, les interprètes des trois principaux personnages féminins sortiront d'ailleurs de scène par la droite, question de bien marquer leur mécontentement par rapport au sort des femmes de la pièce.

Les comédiens s'en donnent donc à coeur joie avec ce texte d'une belle facture. Alexandre Fecteau en tire le maximum en le découpant en courtes saynètes très rythmées. Dans un décor simple, mais efficace. 

Renaud Lacelle-Bourdon (toujours aussi athlétique) et Sophie Cadieux (ratoureuse à souhait) nous font des amoureux des plus sympathiques. Tous les autres les soutiennent brillamment. Même les petits nouveaux sur la Banquette, Roger La Rue et Kim Despatis, prennent leur place allègrement comme s'ils étaient le grand frère et la petite dernière de la famille. 

Le dynamisme de l'ensemble et l'intelligence du propos prouvent sans contredit que la comédie au théâtre peut être à la fois l'un et l'autre. 

Joyeux anniversaire, la Banquette arrière!

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Le timide à la cour. Texte de Tirso de Molina. Mise en scène d'Alexandre Fecteau. Au Théâtre Denise-Pelletier jusqu'au 22 octobre.

PHOTO GUNTHER GAMPER, FOURNIE PAR LE THÉÂTRE DENISE-PELLETIER

Kim Despatis, Éric Paulhus et Lise Martin dans une scène du Timide à la cour.