L'idée de Réal Bossé de mettre en oeuvre du théâtre corporel pour parler des espoirs et des déceptions de la jeunesse d'aujourd'hui est excellente.

Dans ses meilleurs moments, surtout lors des scènes sans paroles, Plywood explore avec éloquence les malaises de jeunes dans un monde exhibitionniste où tout se dit et se vit, même trop, même mal.

Ces dix jeunes n'ont pas de limites. Au figuré, cela signifie qu'ils sont perdus, désillusionnés. Ils se cherchent, veulent tout et son contraire. Obtiennent bien peu en retour.

Au propre, cela donne une mise en scène des plus alertes et un débordement de métaphores inattendues, réalisées avec trois feuilles de contreplaqué comme seul élément de décor.

Ces rectangles de bois évoquent avec intelligence les carrés rouges du soulèvement étudiant de 2012. Ils servent aussi bien de tables et de chaises que de maisons. L'habillage sonore est aussi très réussi.

Par contre, les textes, même s'ils mettent en valeur les talents d'interprète de ces jeunes artistes, ne volent pas bien haut. On nage souvent dans le cliché et la redondance.

On y parle du quotidien de façon crue ou banale, on décrit les rêves d'avenir, on s'englue malhabilement dans le présent en baisant comme des lapins et on «imagine» le futur comme les parents des protagonistes l'avaient sans doute fait avant eux.

Leur prise de parole paraît ainsi inadéquate. Comme s'ils n'avaient plus rien à dire, comme s'ils ne cherchaient plus de nouveau sens, comme si la partie avait été jouée et qu'ils n'osaient plus participer. Triste.

Le plywood rough va continuer de provoquer des échardes, et les jeunes ne sont pas sortis du bois!

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Plywood. Maîtrise d'oeuvre de Réal Bossé. À Espace libre jusqu'au 30 avril.