Mario Tessier est plus qu'une «grande gueule». Le premier spectacle solo de cette véritable bête de scène, présenté hier en première montréalaise au Théâtre St-Denis, raconte en détail les moments marquants de sa vie dans un style théâtral parfois caricatural, mais qui a le mérite de sortir des sentiers battus.

Seul comme un grand est un long spectacle de plus de deux heures, avec entracte, pendant lequel on s'éloigne à tous égards du stand-up traditionnel. La mise en scène, signée Serge Postigo (qui a aussi coécrit les textes), catapulte Mario Tessier dans une cascade de mouvements rapides qui rythment le monologue.

Visiblement aimé de son public, l'humoriste se réinvente et raconte ses histoires à la manière d'un conte. Tout y passe: la rencontre de ses parents, sa naissance et son enfance dans une école primaire de LaSalle, alors qu'il était un «TCDF, pour ti-crisse de fatigant».

Puis, lorsqu'il arrive au secondaire, il fait la connaissance de José Gaudet, l'autre moitié du mythique duo des Grandes Gueules, dont le rire contagieux a percé la salle à plusieurs reprises, hier.

Si ce dernier a visiblement apprécié de nombreuses blagues, il serait faux de croire que ce premier «one-man-show» s'adresse à tous les types de public. En écoutant Mario Tessier égrener les épisodes de sa vie, on a souvent l'impression de voir un mélange de Fred Pellerin - pour le rythme - et de la personnalité de Michel Barrette dans l'émission Pour le plaisir qu'il coanimait avec France Castel à Radio-Canada. Un style qu'apprécient certains, mais qui pourrait moins plaire à un jeune public.

Un silence de plomb

Après l'entracte, la deuxième partie du spectacle s'est ouverte avec un numéro touchant sur son passage dans l'armée et la mort de son père. Mario Tessier a alors raconté qu'on lui avait laissé 24 heures pour lui faire ses adieux. À ce moment du spectacle, un silence de plomb a paralysé la salle. On a senti le public touché par la sincérité de l'humoriste.

D'autres numéros plus légers - et plusieurs imitations franchement réussies - nous ont ensuite rapprochés du Mario Tessier que l'on connaît. Avec lui, on s'est retrouvés dans les corridors de l'École nationale de l'humour, à la radio et dans les coulisses d'un énergique karaoké. Quand il imite des personnalités publiques, on retrouve enfin la magie qui a toujours opéré avec les Grandes Gueules. Le public a répondu avec enthousiasme.

En entrevue avec La Presse quelques heures avant sa première, Mario Tessier s'est avoué nerveux, mais serein. Il espère tout simplement toucher les gens et leur raconter des histoires pour qu'ils passent une bonne soirée, a-t-il dit.

Qu'on le trouve drôle ou parfois un peu «mononc», l'humoriste a sans contredit une personnalité sincère, authentique et somme toute attachante. Ses histoires, livrées avec aplomb, retiennent notre attention jusqu'à la fin. Son père, qui est au coeur du spectacle, aurait sûrement été fier de le voir hier, sur scène, «seul comme un grand».

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Au Théâtre St-Denis jusqu'au 7 novembre et en supplémentaires les 25 et 26 mars prochain. Le spectacle ira aussi en tournée partout au Québec.