Il a drôlement commencé, le spectacle que présentait hier soir Arthur H à la place des Festivals. Dès le début de la première chanson, L'autre côté de la lune, de vilains crépitements se sont fait entendre. Le son a ensuite été coupé complètement jusqu'à la fin de la pièce, pendant qu'Arthur H continuait valeureusement à chanter.

Malgré quelques blagues, le chanteur français a semblé un peu décontenancé par ce pépin technique qui a carrément retardé le début de la deuxième chanson. La beauté de l'amour, en duo avec Betty Bonifassi, a ainsi semblé ensuite un peu cacophonique.

Heureusement que le malaise, et les problèmes, n'ont pas duré. Celui qui fréquente le Québec depuis son tout premier disque, au début des années 90, a ensuite fait planer sur le public l'ambiance qui règne dans son plus récent disque, Soleil dedans, qui a été fabriqué au Québec avec des collaborateurs aussi prestigieux que le Karkwa François Lafontaine et des musiciens de Patrick Watson.

Entre la nouvelle et prenante La ballade des clandestins et la très vieille et toujours aussi actuelle La lune, en passant par La femme étoile et Oh là-haut, Arthur H était très loin dans la stratosphère. 

Avec cette nouvelle voix de tête qu'on ne lui connaissait pas, il nous a transportés dans son univers à la fois déjanté, exploratoire et accessible, plein de sons bizarres, d'orgue, de guitare funk et d'un groove quasi disco.

Vêtu d'un complet argent, puis enfilant un veston noir à points lumineux pour la pièce Ma dernière nuit à New York, assis au clavier ou debout devant au micro, à quatre mains avec Marie-Jo Thério ou en duo très enlevé avec Erika Angell, Arthur H a été hier un entertainer hors pair. Mais jamais au détriment de ce qu'il est vraiment, un chanteur iconoclaste, aux textes forts et aux expériences musicales toujours pertinentes.

Des invités en symbiose

Ses invités n'ont pas eu le choix d'être à la hauteur : Marie-Jo Thério joyeusement fofolle sur la pseudo-western Est-ce que tu aimes, Erika Angell (moitié du duo montréalais Thus Owls) aérienne et engagée dans La femme étoile, Betty Bonifassi toujours impliquée aux choeurs, Koriass qui s'empare de La caissière du super, une des meilleures chansons de tout le répertoire d'Arthur H, avec toute la hargne nécessaire.

La présence de chacun d'entre eux aura été en phase avec l'univers aérien d'Arthur H. Et le chanteur aura réussi le pari de garder avec lui une foule plus qu'honorable en ce lundi soir de Francos un peu frisquet, avec un programme tout de même exigeant, composé en grande partie de nouvelles pièces - presque la moitié des 16 chansons provenaient de Soleil dedans.

Arthur H a offert hier un spectacle très bien construit, rythmé et huilé au quart de tour, à la montée constante, toujours plus haut vers le ciel - il a même fait danser les spectateurs sur l'improbable Dancing with Madonna, à la ligne de basse irrésistible. Pour terminer avec toute l'émotion du monde avec La marée haute, de la regrettée Lhasa, qui fut sa grande amie et a contribué à lui faire aimer le Québec. Vraiment, un bien beau voyage dans les étoiles avec l'ami Arthur.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Betty Bonifassi s’est fortement impliquée aux choeurs, hier soir.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Marie-Jo Thério s'est montrée joyeusement fofolle sur la pseudo-western Est-ce que tu aimes.