Linda Sorgini offre une performance étincelante dans le rôle de Judy Garland chez Duceppe. Jouer et chanter avec une telle intensité, comme elle le fait pendant près de deux heures, relève de l'exploit.

La vie de Judy Garland, enfant-vedette bourrée de pilules depuis son adolescence, aura été une tragédie de 47 ans marquée par les abus de toutes sortes: drogue, alcool, aléas du vedettariat, obsession médiatique, opportunisme de la mère et de cinq maris...

La pièce de Peter Quilter effleure tous ces sujets sans entrer dans les détails, sans approfondir la complexité de ces questions. Elle met en scène les six derniers mois de l'interprète mythique de la chanson Over the Rainbow, ainsi que des films The Wizard of Oz et A Star is Born.

En 1968, Judy Garland est à Londres pour un ultime retour sur scène fort attendu. Elle partage, avec son mari et son pianiste, ses derniers moments d'accalmie, de crise et de tendresse aussi. Les deux hommes tenteront en vain et de façon malhabile de lui lancer une dernière bouée avant le naufrage.

Mise en scène efficace

Malgré les lacunes du texte, clichés et lieux communs abondants, et une traduction hésitant entre joual et français international, la mise en scène efficace de Michel Poirier sait en tirer le maximum en jouant sur le rythme et les temps forts de répliques assassines échangées entre une femme profondément meurtrie et ses faire-valoir frustrés.

Dans ces rôles ingrats du mari et du dernier accompagnateur de la star, Éric Robidoux et Roger La Rue se tirent bien d'affaire, mais tous les projecteurs, au sens propre et figuré, restent tournés vers Linda Sorgini.

Soulignons à ce propos le travail de soutien de Christian Thomas à la direction musicale. Ce vétéran de la scène théâtrale dirige un petit orchestre qui sonne comme un grand. Et c'est rare de le faire, mais le travail technique de sonorisation mérite également une mention.

Judy Garland, la fin d'une étoile n'est pas une comédie musicale, soulignait le metteur en scène en entrevue, mais le fait est que les spectateurs y vont, et y retourneront même peut-être, pour entendre les grandes chansons - 11 en tout - de Judy Garland. Ils sont ici amplement servis et applaudissent d'ailleurs après chacune des prestations de la comédienne-chanteuse.

Linda Sorgini se donne entièrement, magnifiquement dans le rôle principal. Son interprétation d'une vedette construite dans la démesure hollywoodienne et ses qualités de chanteuse en transe, comme semblait l'être parfois Judy Garland, nous offre l'un des beaux moments de cette fin de saison théâtrale.

* * * 1/2

Judy Garland, la fin d'une étoile. De Peter Quilter. Traduction de Michel Dumont. Mise en scène de Michel Poirier. Chez Duceppe jusqu'au 16 mai.