Toujours périlleux, l'exercice théâtral qui consiste à condenser et interpréter avec humour les faits marquants de l'actualité de l'année. Mais, une fois de plus, le spectacle Revue et corrigée divertit avec ses jeux de scène, ses décors et ses chants, tout en cernant avec assez de justesse la signification des événements culturels, sportifs, sociaux et politiques de 2014.

Les ficelles sont parfois grosses, les chutes des numéros ne sont pas celles du Niagara, mais la production tient la route et, sans détour, nous met face à notre réalité politique québécoise et canadienne. Avec ses bons et ses mauvais côtés présentés avec fantaisie. Et en préservant un certain sens du rassemblement autour d'un destin commun.

Le spectacle mis en scène par Alain Zouvi débute par une analyse de la situation globale du Québec, avec une courte comédie dansée par toute la troupe, qui comprend Suzanne Champagne, Martin Héroux, Benoit Paquette, France Parent, Marc St-Martin et la brillante recrue Julie Ringuette. La danse sur l'air de Papaoutai, de Stromae, devient Où t'es Québec, où t'es? On y évoque les décisions impopulaires du gouvernement Couillard.

Peu après, Martin Héroux fait la fête au ministre Yves Bolduc (dans l'affaire de sa prime de 215 000$) avec une interprétation opératique réussie. Marc St-Martin rappe ensuite, déguisé en Gaétan Barrette surnommé «Gros corps malade». Par la suite, Benoit Paquette personnifie Philippe Couillard, «revenu prendre vos sous», sur l'air d'On leur a fait croire d'Alex Nevsky, avec le refrain qui devient «ta-ta-ta-ta-ta-ta... ma gang de tatas».

Peu de moments consacrés aux émissions de télé cette année. La seule marquante, mais pas très drôle, a été la saynète à propos d'Unité 9. Une redite de l'an dernier.

L'étoile du match

Parmi les bons numéros, signalons Benoit Paquette en Justin Trudeau fumant du cannabis et souhaitant «un Canada fort dans une mosquée unie». Marc St-Martin en Ginette Reno, qui chante l'Ô Canada mais a besoin de quelques... remontants. Martin Théroux, dans une excellente imitation de Patrice L'Ecuyer. Le numéro Sauvons les bélugas, Stoppons TransCanada, chanté par toute la troupe et qui s'achève sur We Are the Whale... Et la parodie du journal télévisé de TVA où la forme a pris le pas sur le fond, les nouvelles étant présentées comme lors d'un jeu-questionnaire.

Mais c'est encore Suzanne Champagne, dans son imitation de l'ex-première ministre Pauline Marois, qui remporte le plus gros succès. On a l'impression que Mme Marois est sur scène. La comédienne a bien fait rire avec ses blagues sur l'accent de Pauline Marois quand elle parle anglais.

À noter qu'un hommage soutenu a été rendu à Gilles Latulippe, qui, dans le sketch, retrouve la Poune et Olivier Guimond au paradis. Le spectacle de lundi était dédié à Paul Buissonneau et Muriel Millard, partis les rejoindre...

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Au Théâtre du Rideau vert jusqu'au 4 janvier