Présenté dans le cadre de l'événement Spectaculairement Chine à la Place des Arts, Fault Lines se veut un hommage aux victimes du séisme survenu en 2008 dans le centre-ouest de la Chine, au Sichuan, qui a fait plus de 70 000 morts. En résulte une oeuvre sensible et poétique, qui plonge au coeur des tremblements intérieurs causés par de telles tragédies.

Il peut être périlleux de créer un spectacle de danse autour d'un sujet aussi spécifique que les tremblements de terre. Malgré une approche parfois didactique, la chorégraphe néo-zélandaise Sara Brodie aborde le sujet avec une belle sensibilité dans Fault Lines, grâce notamment aux 16 excellents interprètes de la troupe de danse chinoise Leshan Song & Dance Troupe.

Présenté d'abord au Festival de Melbourne en Australie, Fault Lines s'inspire d'un court tableau de 7 minutes monté par la compagnie chinoise, duquel Brodie a tiré une oeuvre de 70 minutes. Elle plonge ici au coeur d'une culture étrangère à la sienne en y faisant converger de belle façon danse contemporaine, ballet jazz et théâtre, mais aussi arts martiaux et taï-chi.

Les interprètes évoluent sur une scène nue, où seuls l'éclairage et quelques accessoires judicieusement utilisés réussissent à créer différents tableaux et atmosphères. Le tout est entrecoupé de projections écrites quelque peu didactiques, où sont expliqués les rudiments du phénomène des secousses sismiques - qui, malgré les recherches scientifiques, demeurent hautement imprévisibles.

Misant sur les mouvements d'ensemble, en synchronisme ou en canon, d'où se détachent quelques solos et duos, Brodie amène le spectateur à la rencontre d'âmes solitaires, le regard fixé sur leur portable. Des inconnus rassemblés par le choc des plaques tectoniques, qui deviendra leur propre séisme intérieur.

Malgré certaines longueurs, Fault Lines est une pièce poignante et fort belle. Les interprètes, graciles, forts et agiles, en constituent la principale force. Sincère, leur interprétation sait émouvoir, sans tomber dans le pathos. Certains d'entre eux ont d'ailleurs été touchés personnellement par la tragédie.

Posant la solidarité humaine, la résilience et le devoir de mémoire comme un rempart à l'impuissance de l'homme devant les forces de la nature, Fault Lines en fait elle-même une démonstration convaincante en réunissant sur scène deux cultures que tout semblait pourtant éloigner.

Jusqu'au 1er mars à la Cinquième salle de la Place des Arts.