Pour la grande première montréalaise de Furieusement calme, son nouveau spectacle solo, François Morency est monté sur scène avec la ferme intention de confier toutes ses peurs au public du Théâtre Maisonneuve et de le faire furieusement rire. L'humoriste a livré avec aisance des textes bien ficelés, en dépit d'un petit trou de mémoire, mais a peiné à relever le défi de renouer avec l'improvisation.

François Morency a choisi d'ouvrir son nouveau spectacle par une vidéo de famille plongeant le public dans la maison de la famille Morency, à Québec en 1976. Bien réalisée et drôle, cette projection a tout de suite mis la table: l'humoriste veut partager son univers et faire comprendre au public d'où viennent ses peurs. «Tu vas faire quoi dans la vie? Gagner ta vie en disant des niaiseries?», lui demande son père.

Une belle entrée en matière sur la peur qui est insidieusement implantée dans nos têtes dès le plus jeune âge.

Commence alors une énumération des peurs que le commun des mortels et François Morency lui-même peuvent avoir.

Se faire avoir, être impressionné par les chiffres ou pire encore... être terrorisé à l'idée qu'il puisse arriver quelque chose à nos enfants.

L'humoriste enchaîne les anecdotes et se lance parfois dans des imitations plutôt réussies, comme celle d'une amie de sa mère qui a un peu abusé de l'alcool lors d'un party d'infirmières.

Après avoir confié sa phobie de se faire mordre par une «bibite» dans les toilettes, François Morency offre un numéro très réussi sur la peur du rejet.

Il simule une entrevue pour un nouvel emploi au cours de laquelle il pourrait avoir un détecteur de bonnes réponses.

Morency tente ensuite d'expliquer tous les avantages de la vieillesse, qui consistent majoritairement à faire tout ce qu'on veut sans avoir à répondre de ses actes.



Autre moment fort du spectacle, l'humoriste confie ses angoisses à Dieu en priant à genoux sur scène. Il effectue des liens d'idées d'un numéro à l'autre de manière très habile et offre une performance efficace.

Le spectacle se poursuit avec la projection de photos amusantes et de «séparés à la naissance», avant que François Morency ne se lance dans un bien trop long passage d'interaction avec le public. C'est à ce moment précis que le rythme est brisé et que la magie cesse d'opérer. Décidant d'offrir des hommages à des gens du public à qui il demande de manière répétitive leur profession, Morency s'enlise et donne un peu l'impression de se produire dans un spectacle du Club Med en faisant crier aux femmes du public des: «François, prends-moi» à l'un des spectateurs pris à partie. Dommage.

Néfaste coupure

François Morency retourne finalement - et heureusement - à son texte et retrouve son humour en proposant quelques suggestions de malaises faciles à retenir. La coupure causée par l'improvisation y est peut-être pour quelque chose, mais le numéro où Morency propose des phrases de biscuits chinois tombe un peu à plat. «Un Chinois allergique aux noix a-t-il quand même les yeux en amande?»

Impossible pour l'humoriste de ne pas rendre hommage aux 62 ans de mariage de ses parents, ce qui lui permet de livrer un des numéros les plus drôles de la soirée, dans lequel il se livre à la lecture de petites annonces trouvées sur des sites de rencontre.

Au final, on passe un bon moment, malgré quelques faux pas. François Morency offre une belle diversité de numéros, utilise la projection de vidéos et d'images sur ses trois écrans géants de manière habile et livre un texte bien écrit. On aurait tant voulu qu'il improvise avec plus de doigté.

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Furieusement calmesera en représentation supplémentaire le 7 juin prochain au Théâtre Maisonneuve.