L'ardeur des comédiens et une mise en scène habile arrivent parfois à sauver un texte moyen. Party de bureau, une pièce de Michel Duchesne, est à l'affiche pour quelques soirs encore au Corona. D'un texte truffé de blagues qui tombent à plat et de lieux communs, qui a toutefois d'agréables airs de comédie musicale, les interprètent font un spectacle à l'énergie sympathique.

Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures: comme le titre l'indique, l'action se déroule dans un party de bureau, ces soirées où s'efface momentanément la frontière entre vie professionnelle et vie privée. La faune qu'on y croise est attendue: une grosse qui se morfond dans sa solitude, une secrétaire acariâtre, une téteuse de boss et un mononcle libidineux... qui a évidemment fait un fou de lui l'année d'avant...

Tout ce beau monde est drôlement accoutré. Normal, la pièce se déroule en 1984. En temps de crise. Le fantôme du référendum perdu plane encore, ce qui n'arrange rien, car le patron du bureau d'assurances qui a organisé le party songe sérieusement à vendre sa compagnie à une méchante femme d'affaires de Toronto. Mis au parfum, les employés se mobiliseront pour faire échouer la transaction.

Ce synopsis tout simple est prétexte à une enfilade de scènes se voulant cocasses, allant des jeux de groupe pour mettre de l'ambiance au racolage près du buffet de crudités. Par moments, on a l'impression de se trouver devant un mauvais Bye Bye (le côté revue de l'année en moins, évidemment). Ici et là, le caractère parodique clairement assumé par la mise en scène (signée Simon Boudreault) donne lieu à des scènes totalement délirantes.

Ces scènes-là sont souvent musicales. Des succès souvenirs de Corey Hart, Céline Dion et Soupir (Normand Brathwaite) sont en effet intégrés dans le spectacle. Plaqués, même, terme qui n'a rien de péjoratif ici tant ils donnent du ressort à la pièce. Les interprètes s'y donnent alors à coeur joie, avec un plaisir évident.

Party de bureau doit beaucoup à ses interprètes, qui jouent presque tous plus d'un personnage et doivent souvent se changer à la vitesse de l'éclair en coulisses. La distribution (Tammy Verge, Brigitte Lafleur, Roger Léger, Rémi-Pierre Paquin et Sophie Caron) s'en tire globalement bien, malgré la minceur des partitions. Mais il y en a un qui se démarque carrément du lot: David-Alexandre Després. Son interprétation, très physique et souvent désopilante, offre les meilleurs moments de ce spectacle auquel participe aussi le musicien Éric Desranleau (Wonder-Trois-Quatre).

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Les 8, 9, 15, 16 et 17 décembre au Corona.