Sans John Malkovich, The Giacomo Variations n'aurait pas rempli la salle Wilfrid-Pelletier. En fait, ce spectacle alambiqué et à la direction artistique douteuse n'aurait probablement même pas fait le voyage à Montréal tant il est inégal et cousu de fil blanc.

La (fausse) bonne idée de ce spectacle, c'est de mêler théâtre et art lyrique (des oeuvres de Mozart) dans un «opéra de chambre» inspiré de la vie de Giacomo Casanova. Une amitié fictive entre le grand séducteur et Lorenzo Da Ponte, librettiste de Mozart, sert de lien narratif entre les deux univers.

Croiser théâtre et musique classique n'est pas une mince affaire. Edgar et ses fantômes, spectacle plutôt pédagogique autour d'Edgar Fruitier créé en 2010, avait montré les limites de ce type de liaison où le théâtre joue les seconds violons. Giacomo Varations confirme la chose, mais en pire: l'auteur et metteur en scène Michael Sturminger tente carrément de faire le grand écart entre philosophie érotique, art lyrique et... théâtre d'été.

Aucune scène n'illustre mieux cette hasardeuse gymnastique que l'ouverture du deuxième acte, qui détourne la première scène du Mariage de Figaro. Sous la direction de Sturminger, les mesures que prend le valet deviennent des références à la taille du phallus d'un amant déculotté auquel Malkovich tend successivement des condoms de différentes tailles... Ne manque qu'un comte cocu caché dans une armoire Louis-Philippe!

La direction artistique du spectacle à l'exception de sa direction musicale est souvent empreinte de cette absence de subtilité. Aucune trouvaille ne vient égayer cette mise en scène plate, placée dans une scénographie kitsch, qui montre trop et laisse trop peu à l'imagination. Pourtant, séduire, n'est-ce pas justement savoir trouver le juste dosage entre ce qu'on cache et ce qu'on révèle?

Et Malkovich? Il joue bien, même si les échanges avec certaines de ses partenaires de jeu sont un peu brouillons et que, par moments, l'orchestre enterre les acteurs. Imaginez son Valmont de 1988, dans Dangerous Liaisons, retirez lui sa dureté machiavélique et voilà un peu le tonus de ce Casanova qu'on a envie d'oublier. Ce n'est toutefois pas son dernier tour de piste: on menace maintenant de porter ces Giacomo Variations au grand écran...