Des dizaines de personnalités publiques et promoteurs de spectacles influents étaient parmi les spectateurs qui découvraient en primeur la « machine à voyager dans le temps » de Gregory Charles, mercredi soir, pour la première du spectacle Vintage. Les Francis Reddy, Michel Therrien, Guy A. Lepage, Sébastien Benoît, Mitsou, André Robitaille, Yvon Michel et Sébastien Lefebvre, de Simple Plan, ont foulé le tapis rouge.

Gregory Charles a lancé son spectacle dans l'obscurité, le visage apparaissant seulement sur les écrans géants surplombant la scène. Les lumières se sont allumées et il brillait toujours par son absence...

Vêtu d'un smoking blanc, l'homme-orchestre était plutôt au piano, caché dans le fond de la salle, entouré d'une chorale gospel. La bande a descendu les gradins en chantant à pleins poumons parmi les spectateurs. Une entrée en scène énergique et chaleureuse, à l'image du spectacle Vintage.

Gregory Charles a ensuite expliqué le concept de Vintage. Un spectacle dont lui et le public sont les héros. Les spectateurs sont invités à remplir au préalable un questionnaire en ligne et à utiliser leur téléphone intelligent sans gêne pendant la soirée. L'homme-orchestre offre donc un spectacle interactif basé sur les demandes spéciales de l'auditoire.

Le questionnaire invite les spectateurs à demander une chanson (et à expliquer leur choix), à indiquer leur album préféré des Beatles (Let It Be à 37 %), leur supergroupe des années 1970 (Harmonium et Queen ex aequo) et leur piano-man préféré (Ray Charles et Elton John).

Difficile de savoir à quel point Gregory Charles et ses musiciens improvisent sur un programme non défini (Bohemian Rhapsody ne s'interprète pas « à la bonne franquette »), car le questionnaire délimite les possibilités d'une partie des demandes spéciales. Gregory Charles (qui a l'oreille absolue) a même une sorte de mini-ordinateur intégré dans son piano pour lire les commentaires du public. Qu'importe, son groupe et lui sont des encyclopédies musicales et des arrangeurs créatifs, entremêlant Un musicien parmi tant d'autres d'Harmonium et We Are The Champions de Queen.

Le spectacle de Gregory Charles est également un cours d'histoire musicale, avec des fiches descriptives apparaissant sur les écrans géants avec différentes dates, statistiques et anecdotes. La soirée a par ailleurs commencé avec des tubes qui étaient dans les palmarès le 29 mai, à un moment donné de l'histoire de la musique pop et rock : Sir Duke de Stevie Wonder (1977), All I Have To Do Is Dream des Everly Brothers (1958) et Rolling In The Deep d'Adele (2011).

Certaines demandes du public sont prévisibles. D'autres le sont moins : Lady In Red de Chris de Burgh (choix de Lillian Page de Saint-David), Wicked Games de Chris Isaak (choix de Claudine Arcouette de Laval), Daniel d'Elton John (qui semble avoir surpris Gregory Charles), et Alone Again (Naturally) (demande de Francis Reddy). Ce segment du spectacle semblera peut-être un peu longuet si les titres demandés ne sont pas dans vos cordes, s'ils sont larmoyants ou s'ils prennent de court Gregory Charles (ce fut le cas pour Bad Timing de Blue Rodeo).

Nostalgie

Pendant son spectacle Vintage, le musicien vante la belle époque (« celle où les gens se courtisaient pendant huit mois au lieu de se rencontrer en ligne ») et l'amour unissant ses parents. Son père romantique originaire du Trinidad était dans la salle (il montait même sur scène au moment de mettre sous presse), mais pas sa mère, atteinte d'Alzheimer. Gregory lui a dédié la chanson Stay With Me, avec des photos de famille défilant sur les écrans géants. Touchant, mais quelque peu lourd...

Piano rouge, couleurs glamour de rouge, noir et doré et arcades de lumières blanches, Gregory Charles a par ailleurs voulu recréer « l'atmosphère de cabaret que lui racontaient ses parents » quand ils se sont rencontrés au club Copacabana de Montréal.

Le piano-man veut que son théâtre soit un lieu de vices : que les gens boivent et dansent sans retenue. Il a lui-même avalé un verre de scotch sur la scène. Entouré de six musiciens et de multiples choristes, l'artiste hyperactif offre une sorte de spectacle de croisière, de casino ou d'hôtel cinq étoiles. C'est à la fois sympathique et de haut calibre musical. Mais si le public est sage, le spectacle l'est aussi. Un pari impressionnant et risqué, donc.

La voix de Gregory Charles n'était pas toujours à la hauteur. Il faut dire que son spectacle-marathon est essoufflant et qu'il faisait très chaud dans la salle de spectacle temporaire (avis aux détenteurs de billets).

Un théâtre mobile

De l'extérieur, la salle de spectacle mobile de Gregory Charles est impressionnante en soi. Il n'y a rien de vintage dans sa construction. Il s'agit d'une imposante structure de verre semi-permanente qui fait 30 mètres sur 60 mètres et qui est capable d'accueillir 1000 spectateurs.

Ce théâtre temporaire est érigé dans le Vieux-Port de Montréal jusqu'au 14 juillet, avant de se déplacer éventuellement dans d'autres villes et « peut-être partout dans le monde », selon le désir de Gregory Charles. À l'heure actuelle, plus de 35 000 billets sont vendus pour les représentations montréalaises de Vintage.