Il y avait une certaine fébrilité dans l'air jeudi soir au Théâtre St-Denis pour la première du nouveau spectacle de Messmer: Intemporel. Normal puisque le public est la matière première de ce spectacle. Et que les spectacteurs en sont tout à fait conscients. Vont-ils s'abandonner au fascinateur? Fébrilité, donc.

Après un long préambule où Messmer fait ses tests de réceptivité dans la salle, le «spectacle» peut enfin commencer. Au final, c'est une quinzaine de personnes qui montent sur scène. Et c'est avec un malin plaisir qu'on les voit obéir au doigt et à l'oeil du maître hypnotiseur.

Couchés sur une plage, gigotant dans le ventre de leur mère, gazouillant, marchant à quatre pattes, Messmer leur fait faire ce qu'il veut. Ici ils ont 5 ans, là, ils se font téléporter ou alors ils se transforment en hommes et femmes de Cro-magnon affamés, à la recherche de mouches dans les cheveux des spectateurs... Fascinant et épeurant!

De toute évidence, Messmer sait communiquer avec le subconscient. De nombreux spectateurs sont réceptifs à son «magnétisme» et s'endorment quelques secondes après en avoir reçu l'ordre. Il reste qu'ils se font manipuler du début à la fin. Qu'est-ce qui peut bien les motiver à se faire manipuler?

Intemporel, il faut bien le dire, est aussi un exercice de pédagogie. Messmer prend le temps de nous expliquer le b.a-ba de l'hypnotisme, nous vante ses vertues thérapeutiques et nous incite même à consulter un professionnel pour soigner phobies et autres affections. Ceux qui doutent du pouvoir du subconscient finiront par y croire.

Sans mauvais jeu de mots, Intemporel nous garde en éveil. On retiendra le numéro hallucinant de cet homme programmé pour ne plus reconnaître sa femme... ou alors celui d'une femme qui vainc sa peur des rats...Et encore celui de cette jeune femme qui, se croyant à L'École des fans nous a chanté Une poule en chocolat...

Au moment de quitter, heure de tombée oblige, le nouveau groupe de cobayes pilotait un avion de chasse, avec comme toile de fond des extraits du film Top Gun. C'était d'ailleurs un peu le thème de ce deuxième spectacle: l'hommage au cinéma à travers le temps... Sauf que c'est venu un peu tard. Parlons plutôt d'un voyage dans le temps.

Oui, Messmer a une présence sur scène indéniable, oui, on est fasciné par ses habiletés, et oui on se paie bien la tête de tous ces gens qui sont manipulés sur scène, mais à la fin, a-t-on vraiment assisté à un spectacle? Vous n'avez pas ressenti un petit malaise en voyant le fascinateur «travailler» ? Moi oui.

Malgré toute la bonne foi qu'on lui prête, ces exercices d'hypnose collective soulèvent quand même des questions éthiques. Si un vilain avait les mêmes pouvoirs, on aurait même un peu la trouille...

Au Théâtre St-Denis jusqu'à dimanche. Supplémentaires les 31 mai et 1er juin.