Éric Assous est la coqueluche du théâtre privé parisien. Avec son fidèle complice, le metteur en scène et interprète Jean-Luc Moreau, l'auteur a créé plusieurs comédies à succès dont Couple en turbulences, Une fille entre nous, Les hommes préfèrent mentir et L'illusion conjugale. Cette dernière pièce lui a permis de décrocher, en 2010, le prix Molière de l'auteur francophone vivant.

Vous aurez deviné que son sujet de prédilection est le couple. Marié, hétéro et préférablement... infidèle. Pour qu'un couple dure, mieux vaut ne pas dévoiler tous ses secrets à son partenaire. Telle pourrait être la maxime du théâtre d'Éric Assous. Dans Les conjoints, créé en 2011 au Théâtre Tristan Bernard, il nous répète que toute vérité n'est pas bonne à dire; et que derrière la façade lisse des couples ordinaires se cachent souvent des intrigues et des sentiments extraordinaires.

Les conjoints en question forment, au début, un couple endurci. Maud (l'excellente Anne Casabonne) ne doute même pas une seconde de son Olivier (le charismatique Alexandre Goyette). Or, le couple sera déstabilisé par l'arrivée d'un vieil ami, Bob (René Gagnon, très drôle). Celui-ci vient de gagner 20 millions de dollars à la loterie! Il a demandé le divorce pour repartir à zéro avec une nouvelle conquête qui a 20 ans de moins que lui (l'exquise Myriam Poirier). «Les hommes jettent comme un vieux kleenex leur femme de 50 ans... surtout si celle-ci a 30 livres en trop», se désole Maud.

D'accord, on n'est pas ici chez Strindberg ou chez Ibsen. La psychologie des personnages reste assez sommaire. Bienvenue dans le monde manichéen de l'argent et de l'adultère qui finit par nous happer, malgré toute notre bonne volonté. C'est aussi une peinture assez juste du choc de deux mondes; l'un romanesque et idéaliste, l'autre réaliste et rationnel, défendu respectivement par Casabonne et Goyette. Ces deux-là jouent pour la première fois ensemble. Ils forment pourtant sur scène une solide et juste paire. Ils sont très bien secondés par leurs collègues.

Le directeur artistique Jean-Bernard Hébert (qui produit bon an mal an des spectacles en région depuis plus de 25 ans) a eu la bonne idée de demander à Michel Tremblay de signer l'adaptation québécoise de la pièce française. Il en a confié sa mise en scène au jeune Michel-Maxime Legault. Tout est bien mené dans une direction claire et fluide où se glissent quelques flash-backs qui nous font découvrir l'envers du décor.

Du théâtre léger qui se savoure comme du bon cidre.

___________________________________________________________________________

Les conjoints, au Théâtre de Rougemont, jusqu'au 1er septembre.