Le Théâtre du Vieux-Terrebonne (TVT) a longtemps fait figure d'exception dans ce désert culturel en région nommé théâtre d'été (avec le Bic, le théâtre Beaumont-St-Michel et quelques autres). Au tournant des années 90, le directeur artistique Jean-Bernard Hébert a proposé au public du Molière, du Feydeau, et même un drame: Douze hommes en colère. Son successeur, Benoît Brière a frappé fort en 2011 avec La Cage aux folles (plus de 50 000 billets vendus). La pièce à succès de Jean Poiret sera d'ailleurs reprise en tournée au Québec en 2013.

Malheureusement, cette fois, le TVT revient à la comédie facile et ultra légère. Car Haute pression est une farce bête et loufoque, bourrée de clichés, sans aucun - mais vraiment aucun! - message (La Cage a le mérite de confronter le public à ses préjugés par le rire).

C'est l'histoire d'un fils qui profite de la générosité d'un papa riche (Pierre Chagnon). Ce dernier paie depuis sept ans pour les études en médecine de fiston qui n'a jamais mis les pieds dans une faculté de sa vie. Quand ses parents annoncent leur visite impromptue (ils n'ont pas vu leur fils depuis des années), il y a panique en la demeure. Le fils (Éric Bernier) décide de transformer son appartement en clinique médicale, avec la complicité de son colocataire «acteur sans talent» (Luc Guérin) et de sa «secrétaire» incompétente (Évelyne Rompré).

Adaptation québécoise de la comédie américaine Playing Doctor (on multiplie les références québécoises à Star Académie, aux Belles-Soeurs, etc), la pièce appartient résolument au genre vaudeville. Avec portes qui claquent, quiproquos qui se suivent, multiples changements de perruques et de costumes, sans oublier la série de personnages caricaturaux - spectateurs politiquement corrects, s'abstenir! Tout cela est digne des spectacles burlesques présentés jadis au Théâtre des Variétés de l'avenue Papineau...

Pas à ce point, direz-vous?! D'accord, pas autant. Au TVT, l'enrobage est plus raffiné, les moyens aussi, et la distribution affiche des comédiens qui sont de plus fines et jeunes pointures que les Giguère, Salvail et Latulippe. Or, c'est davantage une question de génération que de proposition artistique.

Le talent au théâtre est une médaille à deux revers: l'un est brillant et l'autre, terne. À voir les Guérin, Bernier, Chauveau cabotiner et défendre un texte aussi nul, voilà qui, à notre avis, est pire que de voir des acteurs oubliés sévir dans des productions médiocres.

Rien n'est plus désolant que le génie qui distille l'ennui.

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Haute pression, au Théâtre du Vieux-Terrebonne, jusqu'au 8 septembre.