Venu présenter à Montréal Franchise postale, un one man show au cours duquel il égraine ses souvenirs, l'humoriste français Pierre Richard a montré, ce jeudi soir, son grand talent d'acteur et de conteur.

Le célèbre Grand blond (sans sa chaussure noire) entre en scène en tenue décontractée, tee-shirt rouge, veste brune et running shoes, avouant son amour du jazz, une passion partagée par son fils Olivier qui l'accompagne sur scène au saxo, quand son père veut bien le laisser jouer!

Il débute ses lectures de lettres de fans, des lettres fausses bien sûr mais qui lui permettent de faire des calembours et de parler de ce qui le touche.

La première lettre émane d'une femme «dépressive depuis l'âge de six ans (!)», qui s'est fait violer par un berger allemand, «pas un chien, un berger, allemand!»

Il parle ensuite de Mai 68, un événement au cours duquel il a participé à la destruction de...sa propre automobile (!) avant de passer à la lettre d'un Laurent Tuffion qui veut devenir vedette et change de nom pour Michael Tuffion.

Cette lettre lui permet d'évoquer ses débuts au théâtre, quand il devait passer des auditions, un moment du show qui fait moins rire que sourire.

Plus émouvant, le passage où il se rapelle le temps où il faisait la première du spectacle du chanteur français Georges Brassens à Paris. Dans les années 70.

Il explique que même si Brassens avait toujours un sourire sous la moustache, «il affrontait seul son trac» et envoyait un clin d'oeil à ses musiciens et au rideau rouge d'où le regardaient ses copains. Pour se donner confiance.

Quand Pierre Richard prend une guitare et une chaise pour jouer du Brassens, il passe son pied droit à travers la chaise. Le Grand blond ou le Distrait n'est jamais loin...

Puis, il narre son «rendez-vous manqué» avec le mime Marceau, qu'il n'a pas compris car il avait la bouche ouverte chez le dentiste! Et sa rencontre avec Madeleine Renaud et Jean Marais.

«Rencontrer les gens qu'on admire n'est pas toujours une bonne idée car un jour, on les perd.»

Franchise postale est parfois touchant, parfois anecdotique. Pierre Richard a du talent, une présence scénique indéniable, des airs d'éternel gamin (à 76 ans faut le faire) mais le texte fantaisiste a moins de force qu'il n'a de ressources.

On ne rit pas à gorge déployée mais on passe un bon moment avec ce «déséquilibriste, ce bouchon de liège qui remonte à la surface même quand il a touché le fond». Le public lui a réservé une ovation debout.

_________________________________________________

Franchise postale

De Pierre Richard et Christophe Duthuron

Théâtre Maisonneuve

28 et 29 avril