Pour les sixième Parlementeries, nous avons assisté jeudi soir au théâtre Saint-Denis à un sympathique mariage entre l'humour et la comédie. Un peu trop sympathique pour vraiment pouvoir se défouler, en fait. Les scandales de la dernière année ont été si nombreux qu'on se serait attendu à un peu plus de vitriol dans ce spectacle, mais peut-être que tout simplement, la véritable Assemblée nationale est devenue un théâtre plus burlesque que les Parlementeries.

Comédiens et humoristes se sont partagés équitablement le pouvoir sur scène pendant presque deux heures, non sans se lancer quelques flèches qui n'avaient rien à voir avec la politique. Saine et chaleureuse compétition.

Le premier ministre Luc Picard du Parti Présentement au Pouvoir (PPP) devait affronter le redoutable chef du Parti Vraiment Québécois (PVQ), Laurent Paquin sous l'oeil vigilant de Marcel Leboeuf.

Le premier problème abordé était le peu de participation aux élections. «Les gens ne vont pas voter parce que ça va bien» se défend Picard. «Si on comptait le nombre de votes, c'est Maxime Landry qui serait premier ministre» rétorque le chef de l'opposition.

Martin Drainville en pathétique ministre des Finances, Luc Guérin aux Transports, Danièle Lorain en ministre de la Santé et Marie-Lise Chouinard en ministre de l'Éducation formaient le cabinet du PPP; Diane Lavallée, députée déconnectée du PVQ était secondée par Billy Tellier à l'aile jeunesse.

André Robitaille incarnait à lui seul le Super Parti du Vrai Monde, les Denis Drolet, le Bloc Brun et Rose-Aimée Dupuis (Pauline Martin), députée indépendante, profite des débats pour faire du tricot.

Tous se dépensent sans compter, puisque le budget est quelque chose de parfaitement ésotérique.

Les vieux sont une ressource écologique renouvelable; il est préférable de faire des études et des consultations plutôt que de construire parce qu'au final, ça coûte moins cher; créons un Médecins avec frontières pour qu'ils ne partent pas à l'étranger; la langue française est comme une « matante trop saoûle dans un tout-inclus que plus personne ne respecte et qui se fait baiser par des étrangers ...

Quand aux problèmes touchant la pauvreté, la culture, l'environnement et l'éducation, qui tiennent à coeur la naïve Marie-Lise Chouinard, ils n'ont suscité que l'hilarité des parlementaires. «On a assez de trouble comme ça, on ne va pas commencer à s'occuper des troubles qui ne nous concernent pas» note le premier ministre.

On a beaucoup souri pendant cette session  mais on n'a pas souvent ri aux éclats. Les textes, très bien écrits, abordaient les sujets chauds sans jamais vraiment les allumer, dans un humour la plupart du temps gentil.

On s'ennuyait parfois du côté un peu plus acide des Zapartistes, ou alors des trouvailles réelles de Jean-René Dufort à Infoman, qui font presque de l'ombre aux humoristes.

Il y avait une rupture de ton entre les comédiens qui incarnent leurs textes et les humoristes qui sont intrinsèquement drôles, ce qui a donné quelques moments morts, malgré un rythme très maîtrisé.

On ne savait plus trop si l'on assistait à une pièce de théâtre comique ou à un spectacle d'humour. Mais en ce qui concerne le message, il était parfaitement entendu, voir consensuel; la politique, en ce moment, est une grosse farce. Peut-être tellement grosse qu'on se perd dans le rire pour ne pas en pleurer.

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Les Parlementeries, jusqu'au 30 octobre au Théâtre Saint-Denis.