On a tous connu un enfant que tout le monde aimait humilier à l'école. Vous-mêmes, lecteurs, avez peut-être été cet enfant. Ou son bourreau. Parce que plus court, plus gros, à cause d'un accent ou d'un bégaiement; d'un handicap ou même à cause de vos cheveux roux.

Peu importe la raison, il y a des enfants qui sont des souffre-douleur, des boucs émissaires, des têtes à claques, et qui subissent toutes les tortures possibles. De l'écartèlement au wedgie, en passant par les bines, les crachats et autres bassesses.

Imaginez maintenant toute une famille (un papa, une maman et des jumeaux), dans un quelconque village, qui est la risée de ses voisins et de ses collègues. Pour mille et une raisons qui tournent autour de leur différence ou de leur indigence. C'est le point de départ du texte du Belge Jean Lambert, qui signe également la très inventive mise en scène de Tête à claques.

Toute cette histoire nous est contée par des frères jumeaux, Stef et Mika (Quantin Meert et François Sauveur), qui ont le début de la vingtaine et qui nous renseignent sur leur passé. Sur les moqueries à l'endroit de leur père lorsqu'ils étaient enfants, sur tout le bla-bla et les qu'en-dira-t-on qui circulent sur leur compte.

Tous les autres personnages sont représentés par des poupées (de toutes tailles), manipulées par les comédiens, avec la complicité de Vanessa Lequeux, responsable de la «vie du plateau». Petit à petit, la tension monte. Les violences verbale et physique s'intensifient. Les sentiments d'exclusion et d'humiliation grandissent. Tranquillement nous devenons des témoins silencieux de l'insupportable sort qui leur est réservé. Jusqu'à ce que, le jour de leurs 12 ans, à la suite d'un malheureux incident, les jumeaux mettent le feu dans leur village.

Sous leurs airs de clowns de chapiteau, ces deux frères rejetés nous offrent un spectacle à la fois triste et bouleversant de ce que la vie fait parfois subir à un enfant. Avec un certain humour et détachement qui nous permet d'apprécier ce récit trouble, pas du tout moralisant. Qui mérite d'être vu.

Tête à claques, des Ateliers de la Colline, à la Maison Théâtre jusqu'au 9 mai. Pour les enfants de 9 à 14 ans.