Le Cirque du Soleil souhaite croquer dans la Grosse Pomme en 2016, avec le passage de deux spectacles itinérants dans la ville l'automne prochain et l'implantation, ce printemps, d'un tout nouveau spectacle conçu pour un théâtre de Broadway, intitulé Paramour.

Le président et chef de direction du Cirque du Soleil, Daniel Lamarre, affirme que New York représente pour l'entreprise un marché sous-développé, ce qui est étonnant compte tenu qu'il s'agit de la capitale du divertissement.

M. Lamarre admet que, bien que le Cirque soit un joueur important à l'échelle mondiale et qu'il ait mis beaucoup de temps à développer le marché de Las Vegas, moins d'énergie a été mise sur le développement des affaires à New York.

Le PDG promet trois spectacles complètement différents dans la métropole américaine. En plus de Paramour, les New-Yorkais pourront voir l'excentrique Kurios de même que le nouveau spectacle d'amphithéâtre Toruk, inspiré du film Avatar de James Cameron.

M. Lamarre précise que le défi du Cirque a toujours été d'offrir des spectacles qui arriveront à surprendre les spectateurs, ajoutant qu'ils ont bien réussi, dernièrement, à repousser les limites de la créativité et de la technologie.

Paramour, qui sera présenté au Lyric Theatre, marquera la première fois que le Cirque tentera de séduire directement le marché de Broadway. Les créateurs du spectacle tenteront ainsi de donner une trame narrative moins abstraite que dans les spectacles traditionnels de la troupe.

Il faut dire que le Cirque du Soleil n'a pas toujours eu du succès à New York. Amaluna a bien réussi à attirer un public à Citi Field en 2014, mais Banana Shpeel avait été un échec au Beacon Theatre quatre ans plus tôt.

L'actrice Annaleigh Ashford, qui avait participé à Banana Shpeel, confie avoir rapidement eu le pressentiment que le spectacle n'était pas fait pour la ville.

«Le genre du cirque n'en est généralement pas un fait pour raconter des histoires. C'est plus abstrait, et New York est une ville qui s'est créé une forte communauté de théâtre - un univers du théâtre - appuyée sur des histoires très spécifiques, très claires», explique-t-elle.

«L'histoire n'est pas leur principale préoccupation. Et c'est notre première préoccupation ici.»

D'autres spectacles du Cirque sont passés par la grande ville au fil des ans, incluant Totem à Citi Field, Zarkana pendant deux étés au Radio City Music Hall en 2012-2013, l'histoire hivernale Wintuk au Madison Square Garden de 2007 à 2010 et OVO en 2010.

Mais contrairement à Las Vegas - où huit spectacles du Cirque du Soleil sont présentés -, l'entreprise n'a jamais su s'implanter de façon permanente à New York, même si elle offre des spectacles attirants pour les touristes, sans s'appuyer sur une langue, une vedette ou une histoire en particulier.

La première étape de la stratégie new-yorkaise du Cirque a été d'ouvrir un bureau dans la ville il y a 18 mois, avec à sa tête Scott Zeiger, cofondateur de BASE Entertainment. Il a rapidement compris que New York était spéciale; il a donc imaginé un spectacle différent avec Paramour.

À Las Vegas, les spectacles sont en compétition avec le jeu, le magasinage et la nourriture. «Vous y êtes pour le spectacle, l'excitation, vous y allez pour voir quelque chose que vous ne pouvez pas voir ailleurs», explique Scott Zeiger.

«À New York, c'est complètement différent. Il y a une véritable communauté de théâtre. Tant que nous ne pouvions pas livrer une histoire aussi solide que le reste du spectacle, nous ne pouvions pas être à l'aise de créer quelque chose pour un théâtre de Broadway.»

Les spectacles itinérants Kurios et Toruk cibleront davantage les New-Yorkais, tandis que Paramour misera sur les touristes.

Daniel Lamarre précise que la banque de données du Cirque contient quelque 75 000 artistes et que l'entreprise fait de gros investissements en recherche et développement.

«Si nous voulons demeurer pertinents pour les 30 prochaines années, nous devons toujours rester à l'affût et nous devons nous réinventer constamment», a-t-il affirmé.