À tout seigneur, tout honneur. Le prince Albert II de Monaco était de passage hier au quartier général du Cirque Éloize à Montréal pour voir des «esquisses» du spectacle acrobatique consacré à son royaume. Monaco, ou les amants du Rocher, actuellement en création à la Gare Dalhousie, sera présenté au Zénith de Paris à partir du 1er octobre, avant d'entamer une tournée en France, en Belgique et au Luxembourg.

Une trentaine de médias européens étaient d'ailleurs présents. Le moins protocolaire des princes a fait cette halte de 24 heures à Montréal pour voir l'état d'avancement du projet qu'il suit depuis le début et qu'il soutient financièrement, même si, a-t-il précisé, sa participation «ne représente pas un pourcentage important du budget». Il a rencontré l'ensemble des médias québécois pendant cinq minutes.

Après avoir loué le travail de l'équipe de création, «des gens de qualité et d'expérience qui savent très bien parler des émotions qu'ils peuvent provoquer et mettre en scène», le prince Albert II a dit souhaiter que le spectacle évite de tomber dans les clichés habituels de la «superficialité des choses» et de «l'aspect un peu paillettes» de la principauté.

«Je pense que si les spectateurs ont une autre impression de la principauté, sur nos valeurs de partage, d'ouverture sur le monde, d'entraide, mais aussi de considérations pour son histoire, pour son présent et son environnement, ce sera déjà extraordinaire», a-t-il dit. À l'approche de la première, le prince Albert II compte assister aux répétitions, même si, a-t-il dit, l'équipe de création «sait ce qu'il pense».

«Monaco autrement»

Ce nouveau spectacle d'Éloize, le plus ambitieux de son histoire, est coproduit par le Monégasque Salim Zeghdar, qui organise des événements populaires dans la principauté. C'est lui qui a eu l'idée de ce spectacle «pour raconter Monaco autrement». Il a créé la société Monaco Show Productions pour l'occasion. Il dit avoir eu un coup de coeur pour Éloize en voyant son spectacle Cirkopolis à New York.

Salim Zeghdar, qui coproduit ce spectacle avec les producteurs belges Bernard Olivier et Alain Dierckx, ne cache pas son envie de voir le spectacle présenté aux États-Unis et en Chine, précisément à Las Vegas et Macao. Ironiquement, Monaco, ou les amants du Rocher, conçu pour de grands théâtres et des arénas de 4000 à 5000 places ne sera pas présenté à Monaco, qui n'a pas de lieu de diffusion assez grand.

«Une fois la tournée mondiale terminée, on pourra le voir dans une forme plus réduite à Monaco», a toutefois prédit le prince. Est-ce qu'on verra ce spectacle au Québec? Difficile à dire. Le directeur général et artistique d'Éloize, Jeannot Painchaud, n'exclut pas cette possibilité, mais clairement, les efforts seront d'abord déployés dans les pays d'Europe.

Environ 35 artistes sur scène

Comme l'a annoncé La Presse au mois de novembre dernier, le spectacle réunira une trentaine d'artistes sur scène. La mise en scène a été confiée à Krista Monson, qui a travaillé pendant 10 ans au Cirque du Soleil (notamment sur O). La metteure en scène canadienne se trouve actuellement à Milan où elle signe pour le Cirque un spectacle qui sera présenté cet été durant l'Exposition universelle.

Le chanteur Garou était également sur place. Il a été présenté comme «un ami des circassiens» et «un ami de la principauté». Garou, qui a notamment chanté dans le spectacle Zarkana du Cirque du Soleil, prêtera sa voix à la trame musicale composée par un autre routier du Cirque, René Dupéré, qui a décrit le spectacle comme un croisement entre du «cinéma vivant» et une «comédie musicale».

«Oui, je suis un ami du prince depuis longtemps, avec Stéphanie aussi», a admis Garou, qui va régulièrement à Monaco depuis 15 ans et qui dit avoir souvent «fait la fête» avec le prince. «Je dois être le Québécois qui a le plus joué à Monaco. J'ai donné beaucoup de spectacles au Sporting Club, le jeu m'attire aussi, je ne m'en cache pas. Il faut dire que c'est un endroit qui fait rêver.»

Parmi les autres concepteurs du spectacle, mentionnons les chorégraphes Nico Archambault, Wynn Holmes et Debra Brown, la conceptrice des costumes Liz Vandal et la scénographe Patricia Ruel. Tout ce beau monde a pris le temps de détailler sa contribution au prince au cours d'une présentation de près de deux heures menée par le metteur en scène adjoint Emmanuel Guillaume.

La pièce acrobatique, qui compte 20 tableaux, fera le récit d'un voyageur, François, qui arrive à Monaco en cherchant un sens à sa vie. Il fera la rencontre d'une femme, Agnès, de qui il tombera amoureux. Toute l'imagerie de Monaco sera représentée sur scène, notamment grâce à des projections. Qu'il s'agisse du Rocher, du Jardin exotique, du palais royal, du casino ou de la Formule 1.

De courtes «esquisses» acrobatiques ont été présentées hier, résultat d'un travail fait au cours des 10 derniers jours. Un numéro de tissu aérien à cinq, un numéro de roue Cyr, de trampomur, ainsi que des chorégraphies de groupe. On verra aussi un numéro de roue de la mort (comme celui de , du Cirque du Soleil), des numéros de trapèzes, du mât chinois et de la planche coréenne.