Comme chaque année depuis 10 ans, la TOHU invite les Montréalais à sa traditionnelle Falla, grande fête familiale du quartier Saint-Michel, qui se terminera par l'embrasement d'une immense structure en bois d'une dizaine de mètres de hauteur.

C'est une tradition inspirée du carnaval de Valence, en Espagne. Chaque année, d'immenses structures de bois et de papier y sont brûlées sur fond de feux d'artifice. Ces oeuvres d'art appelées «fallas» sont fabriquées par des artisans du quartier, aidés par des centaines de bénévoles. Des prix sont remis aux plus belles oeuvres.

La TOHU a repris l'idée il y a 10 ans en employant chaque année une dizaine de jeunes de 17 à 22 ans dans le cadre d'un programme d'insertion professionnelle mis sur pied par l'organisme Pitrem. Cette année, ce sont sept jeunes falleros qui travaillent depuis la fin du mois de mai à la structure qui sera brûlée le 16 août.

«C'est un projet rassembleur pour les gens du quartier, affirme le directeur général de la TOHU, Stéphane Lavoie. Ces jeunes-là travaillent pendant près de trois mois à la construction de la structure avant de participer à sa mise à feu. Ils sont capables de la regarder brûler parce qu'ils savent qu'ils peuvent la reconstruire.»

Ce geste symbolique est extrêmement éloquent pour les habitants du quartier Saint-Michel, qui proviennent de 62 communautés, selon Stéphane Lavoie. «Beaucoup d'entre eux ont quitté leur pays en laissant tout derrière eux. Ils ont dû repartir de zéro. C'est dans ce sens qu'on les rejoint avec ce projet artistique.»

Les jeunes en sont, pour la plupart, à leur première expérience de travail. Ils font de la menuiserie, des moulages, de la sculpture et de la peinture. «Ils sont entourés de professionnels qui les encadrent, précise Stéphane Lavoie. C'est un stage rémunéré par Emploi Québec. À la fin, ils obtiennent un certificat d'employabilité.»

L'an dernier, plus de 7000 personnes se sont retrouvées sur le terrain de la TOHU pour voir la falla brûler.

Conception

Charles-Hugo Duhamel est le concepteur et directeur artistique du projet pour une quatrième année d'affilée. Habituellement, nous explique-t-il, les thèmes qui guident les concepteurs tournent autour des trois grands axes de la mission de la TOHU: terre, cirque, humain. Mais cette année, Stéphane Lavoie lui a demandé de s'inspirer des 10 ans de la TOHU.

Résultat: une structure représentant le bâtiment circulaire de la TOHU à la base, sur laquelle on a ajouté les projets phares qui ont marqué la Cité des arts du cirque depuis 10 ans. «C'est une empilade de souvenirs, résume Charles-Hugo Duhamel. On a choisi de représenter des projets que la TOHU a portés sur son dos.»

Les 7 doigts de la main, par exemple, qui ont présenté leur premier spectacle, Loft, à l'ouverture de la TOHU, verra son fameux frigo - par lequel les spectateurs entraient dans la salle - greffé à la structure. On reconnaîtra aussi la ruche d'abeilles de la TOHU, qui permet de produire chaque année des pots de miel.

«C'est une structure de bois et de papier recyclé d'Espagne, recouvert de composé à joints, précise Charles-Hugo Duhamel, qui a dessiné les plans de la structure auparavant. Il y aura aussi une douzaine de personnages en argile, dont le plus grand doit mesurer 16 pieds!»

Qu'est-ce qui le motive à participer à ce projet année après année? «J'ai fabriqué des décors et j'ai enseigné la menuiserie, donc ce projet mêle mes deux passions! Chaque année, je suis étonné par les jeunes qui participent au projet. Je prends vraiment plaisir à les voir réussir et prendre confiance.»

Programmation

La fête de la Falla s'ouvrira jeudi à 17h avec la deuxième «Fête au village», conçue par Lonsili Bebeto, qui a réuni pour l'occasion six formations musicales africaines.

Le spectacle d'ouverture mettra en vedette le trio malien mené par Tapa Diarra. On verra aussi, entre autres, Joyce N Sana du Congo, Aboulaye Koné du Burkina Faso et Laetitia Zonzambé de la République Centrafricaine. «Ce sont tous des groupes montréalais», précise Catherine Jobin, responsable de la programmation.

Des ateliers de balafon (sorte de xylophone), de manipulation de marionnettes et de danse africaine seront offerts gratuitement.

La deuxième journée (vendredi) sera consacrée au «Balkan Beat», inspiré des fanfares gitanes. Au programme: DJ Touski, Briga, Roma Carnivale et le Gypsy Kumbia Orchestra. Samedi, ce sont des musiciens du quartier qui seront sur scène: la Camerounaise Komty, Samito ainsi que le reggae band Face T.

«Plusieurs de ces artistes sont issus du quartier», souligne Catherine Jobin. Pour conclure la fête de la Falla, tout de suite après l'embrasement de la falla, c'est Marco Calliari qui montera sur scène.

«Il habite le quartier et il croit à ce projet, souligne Catherine Jobin. Nous sommes vraiment très contents de l'avoir!»

Info: tohu.ca