Le Cirque Éloize est enfin de retour à Montréal pour y présenter sa nouvelle création, Cirkopolis, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts. La pièce acrobatique chorégraphiée par Dave St-Pierre a déjà été présentée une centaine de fois depuis sa création en Finlande, en septembre 2012. Notre compte rendu de cette première québécoise.

Il faisait bon, hier soir, de voir le Cirque Éloize renouer avec son style onirique et ses poèmes acrobatiques émouvants qui nous ont tant marqués, dans les pièces phares de la compagnie comme Rain ou Nomade.

Cette fois, Jeannot Painchaud a eu la bonne idée de faire appel au chorégraphe Dave St-Pierre, qui a clairement réussi à transmettre son énergie de fauve aux interprètes de Cirkopolis, qui en étaient à leur 99e représentation.

La pièce s'ouvre sur le monde terne et ennuyeux d'un fonctionnaire désabusé. Des projections d'engrenages évoquant l'univers du film Metropolis nous indiquent que nous sommes dans un monde mécanisé et anonyme, sans âme ni personnalité.

Le numéro d'ouverture prend un peu de temps à se mettre en branle. La nervosité des interprètes était palpable (un des artistes a même raté son salto et fait une chute), mais le groupe s'est heureusement ressaisi et le spectacle a pris son envol.

D'abord dans la grisaille, dans une atmosphère lourde et austère, où les interprètes sont coiffés de chapeaux et vêtus d'impers. Puis dans une quête de lumière où les 12 interprètes cherchent à sortir de cet anonymat.

L'artiste américaine Angelica Bongiovionni est la première à afficher ses couleurs. Dans une robe d'un rouge éclatant, cette virtuose de la roue Cyr fait un numéro absolument émouvant. Pareil pour le numéro de contorsion de Myriam Deraiche, qui ne touche jamais au sol, prenant appui sur les autres membres de la troupe.



Il faut bien le dire, les numéros de groupe sont les plus remarquables. En particulier celui de la roue allemande, mené par Frédéric Lemieux-Cormier, où les membres reproduisent les mouvements qu'il exécute sur son appareil. Un procédé astucieux qu'on retrouve aussi dans le magnifique trio de trapèze-danse.

Ashley Carr, dont le personnage de fonctionnaire est un peu le fil conducteur du récit, réussit (comme dans Rain) à nous charmer. Son numéro du portemanteau où il tente de séduire la femme invisible dans une robe suspendue à un cintre est fabuleux. Idem pour le numéro de diabolo de Dominique Bouchard, qui a soulevé la foule.

La troupe de Jeannot Painchaud pèche parfois par excès de zèle, cédant à la tentation du spectaculaire pour le spectaculaire, qui avait un peu nui au spectacle iD. C'est le cas du duo de mât chinois, fort bien exécuté par ailleurs, mais où les interprètes cabotinent, nous font des clins d'oeil et montrent leurs muscles...

Les projections de gratte-ciel, de structures ou d'échafauds créent des effets saisissants, comme dans le numéro de corde lisse. La finale, jubilatoire, met un point final à cette recherche de beauté. Si les tentatives d'humour cassent parfois le rythme et que les transitions sont parfois cahoteuses, dans l'ensemble, on peut dire qu'Éloize réussit son pari.

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Au théâtre Maisonneuve de la Place des Arts jusqu'au 30 novembre. Supplémentaires les 6 et 7 décembre.