On les a découverts il y a deux ans à la TOHU dans Cabotinage, puis l'an dernier à Montréal Complètement cirque avec Carrousel et corde à linge. La petite troupe des Îles-de-la-Madeleine, Vague de cirque, sillonne depuis les routes du Québec avec son spectacle de cirque ambulant.

Après avoir planté son chapiteau de 200 places dans le Bas-du-Fleuve, en Gaspésie et dans la région de Charlevoix, la troupe fondée par Noémie Gervais et Alain Boudreau - un des cofondateurs d'Éloize - a repris sa tournée québécoise il y a trois semaines sous la neige de Fermont!

La caravane - de petites maisonnettes de couleurs typiques des Îles - a ensuite pris le chemin de Labrador City, puis de Tadoussac, où elle se trouve présentement. Persévérante, Noémie Gervais se réjouit du fait que Vague de cirque réalise enfin son objectif de faire du cirque au Québec. Au moins trois saisons sur quatre.

«Le rayonnement du cirque en région est important pour nous, indique Noémie Gervais. Surtout dans le contexte actuel où l'engouement pour le cirque québécois à l'international atteint des records!» Mais le défi est énorme. Seul le Cirque Alfonse, troupe amie, s'est lancé dans l'aventure.

«Les distances sont longues, déplore-t-elle, et il n'y a pas beaucoup de monde non plus. Contrairement à la France, par exemple, il n'y a aucun équipement, aucune installation. La première année, il y avait 10-15 personnes à nos spectacles. Et puis les gens se demandaient où se trouvaient les éléphants...»

Maintenant Vague de cirque crée des partenariats avec les théâtres et les villes. Même si le projet de tournée est fragile, le chapiteau se remplit. «Les salles n'ont pas de budgets, explique Noémie Gervais. Les théâtres des régions achètent souvent un show, mais on ne peut pas faire 600 km pour donner une seule représentation!»

Noémie Gervais mise beaucoup sur l'aide du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ). «On espère recevoir une aide au fonctionnement, pour gérer la tournée, les déplacements, les communications. L'enveloppe d'aide pour tourner au Québec est de 15 000 $, tandis que celle des tournées à l'étranger est de 400 000 $ à 500 000 $...»

Un autre défi des fondateurs est de trouver des artistes prêts à prendre la route et à forger l'identité de la troupe. Dans Cabotinage, les artistes du Cirque Alfonse avaient volé la vedette. À la création de Carrousel et corde à linge, plusieurs finissants de l'École nationale de cirque étaient les têtes d'affiche.

«C'est sûr que notre objectif est de créer des spectacles de cirque familiaux en privilégiant l'humour et l'autodérision, précise Noémie Gervais. Nos plus jeunes recrues ont terminé la tournée l'automne dernier. Là, on travaille avec une dizaine d'artistes qui ont plus d'expérience, qui sont à l'aise avec la vie de tournée.»

Philippe Trépanier, qui promène aussi son spectacle solo Clic! et qui a cofondé Impro-Cirque, a remplacé le maître de cérémonie d'origine française Greg Lackovic. Parmi les autres artistes qui se sont joints à la troupe, on retrouve entre autres les trapézistes Yannick Blackburn et Fanny Castonguay, qui ont joué dans Saltimbanco du Cirque du Soleil pendant cinq ans.

«On a une troupe plus homogène, des artistes qui ont tous beaucoup d'expérience et qui veulent vivre ce «trip» de tournée. Nous allons présenter Carrousel et corde à linge 90 fois d'ici le mois d'octobre prochain. Mais, on n'a pas le choix, l'hiver, on va le présenter à Sarasota en Floride, puis en Allemagne dans les cabarets.»

D'ici là, la troupe se posera à Blainville, Repentigny, Québec, Moncton, Gatineau, Sherbrooke, Baie-Comeau, Sept-Îles et Chicoutimi. Avec l'espoir de continuer à faire découvrir le cirque ici, au Québec. Et à ouvrir le chemin, comme l'a fait avant eux le Cirque Akya de Rodrigue Chocolat Tremblay, pour d'autres troupes de cirque.