L'École nationale de cirque de Montréal (ENC) a livré ses 22 finissants à leur premier public à la TOHU cette semaine. Une rencontre qui s'est plutôt bien déroulée pour la nouvelle cohorte d'artistes de cirque, dont plusieurs ont déjà commencé à signer des contrats de travail.

On peut parler d'un millésime aérien, avec ses quatre fil-de-féristes, ses deux spécialistes du cerceau aérien et autres virtuoses de la corde lisse, du trapèze et des sangles. Mais la cuvée 2013 a également révélé un duo de clowns prometteur - Olivia Weinstein et Ty Vennewitz -, trois jongleurs épatants et un solide duo de main à main.

Comme c'est le cas chaque année, les deux spectacles de l'ENC ont exploré des ambiances et des univers complètement différents.

Dans Pour le meilleur et pour le pire, Alain Francoeur, qui a travaillé avec les cirques Éloize et Alfonse, a choisi la voie festive. Un party de mariage rythmé par des medley de musique populaire. Le spectacle s'ouvre sur la musique de Rocky. Puis les tubes s'enchaînent, d'Indochine aux Village People, dans une ambiance kitsch assumée.

Plusieurs bons moments ont ponctué ce spectacle entraînant, quoique parfois étourdissant, où Alain Francoeur s'est peut-être un peu emporté dans la présentation simultanée des numéros. On retiendra la belle folie des chorégraphies de groupe et le plaisir évident des jeunes interprètes à se trouver sur scène.

De son côté, la chorégraphe torontoise Sharon Moore a opté pour une mise en scène plus classique, avec ses zones d'ombres et de lumières avec La vie en swing. Il est question d'un escadron d'aviateurs qui s'en va en guerre. De l'amour aussi qui s'exprime même sous les bombes. Une pièce finement chorégraphiée, qui met bien en valeur les numéros individuels.

Outre les numéros de jonglerie de Jimmy Gonzalez et de Gabriel Beaudoin, vous y verrez un sympathique numéro de vélo acrobatique (pas si fréquent) et deux duos remarquables: celui du main à main formé de Naomie Zimmermann-Pichon et Renaldo Williams, et celui du trapèze des soeurs brésiliennes Giulia et Lucia Tateishi Destro.

Un mot sur les fil-de-féristes, qui sont quatre cette année! Une fournée exceptionnelle considérant que le dernier diplômé dans cette discipline est sorti de l'école en 2008. Les quatre finissants ont composé des duos pour l'occasion. Mais leur performance n'était pas tout à fait au point. Dommage.

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Pour le meilleur et pour le pire et La vie en swingsont présentés en alternance à la TOHU jusqu'au 9 juin.

Aperçu de six numéros

1) Renaldo Williams et Naomie Zimmermann-Pichon (main à main)

Ce colosse américain de 22 ans natif du Minnesota est passé par l'école Circus Harmony avant d'atterrir à Montréal. Sa partenaire vient de Québec. Ensemble, ils font un numéro de main à main extrêmement difficile, mais tout en délicatesse.

2) Jimmy Gonzalez (jonglerie)

Il jongle avec des balles tout en dansant avec beaucoup de grâce dans un numéro empreint d'une belle poésie. Ce jeune Franco-Espagnol de 21 ans a déjà formé une compagnie, Cirque Céans, avec trois autres finissants.

3) Jérôme Sordillon (sangles aériennes)

L'artiste natif de Lyon, en France, manie les sangles aériennes avec beaucoup d'adresse et d'assurance. Le jeune homme, qui fait aussi du trapèze fixe, propose l'un des plus beaux solos de La vie en swing.

4) Francis Perreault (roue Cyr)

C'est lui qui ouvre Pour le meilleur et pour le pire avec un numéro de roue Cyr parfaitement maîtrisé. Natif de Victoriaville, le jeune homme de 20 ans a fait de la gymnastique et des arts martiaux avant d'entrer à l'École nationale.

5) Pier-Olivier Doucet (corde lisse

Son numéro de corde lisse est tout simplement sublime. Le jeune Québécois qui vient du cégep de Chicoutimi exécute son numéro avec force et grâce. Ses mouvements fluides et ses chutes tout en douceur sont remarquables.

6) Pierre-Antoine Chastang et Morgane Tisserand (trapèze danse)

Les duos de trapèze danse ne sont pas légion. Celui-là est franchement intéressant. Les deux artistes français âgés de 22 ans sont passés par l'École de cirque de Châtellerault, en France, avant de compléter leur formation à Montréal. Ils font aussi du main à main.