Le spectacle A Muse, des 7 doigts de la main, ode à l'imagination des enfants, a rallié les critiques de la capitale mexicaine.

Le plus important quotidien du pays, La Reforma, a titré samedi: «Surprenants, les 7 doigts de la main». Et encore: «Décharge de magie avec un bouton», référence au bouton rouge sur lequel un enfant de la salle appuie pour que le spectacle commence. Le journaliste Fidel Orantes écrit: «Le spectacle, qui combine acrobaties et chorégraphies, transforme l'enceinte en un monde magique. À mesure que se déroule le spectacle, l'émotion augmente et les 7 doigts de la main nous réservent les numéros les plus spectaculaires pour la fin. Le journaliste évoque le numéro de trampomur qui conclut le spectacle. Et salue l'interaction de la troupe avec le public, qui commence deux heures avant le spectacle, grâce à des ateliers offerts aux enfants. De petites performances sont aussi enregistrées sur l'esplanade de l'Auditorio, puis diffusées pendant le spectacle.

Il faut dire que les Mexicains sont de véritables amateurs de cirque. Le Cirque du Soleil est sans doute la référence ici. Éloize y a aussi triomphé récemment avec son spectacle iD.

Les 7 doigts de la main, moins connus, n'en sont pourtant pas à leur première visite au Mexique. Loft y a été présenté deux fois, le projet Fibonacci aussi, PSY, La vie... mais jamais dans une aussi grande salle. Cette série de représentations leur donne, à coup sûr, une immense visibilité. L'Auditorio nacional, qui fête ses 60 ans - une expo de photographies à l'extérieur de l'édifice souligne l'événement - est la troisième plus grande salle du monde, avec une capacité de 10 000 sièges! Aux fins d'A Muse, la salle a été configurée pour 5000 personnes. Il n'empêche que la troupe n'a jamais joué dans un espace aussi vaste. En risquant gros de perdre le côté «intime» de ses spectacles.

On ne parle pas ici de consécration, mais certainement d'une percée pour la troupe québécoise. Le magazine culturel Chilango, dans son dernier numéro, a publié une longue entrevue avec une autre cofondatrice des 7 doigts, Isabelle Chassé, qui a également participé à la mise en scène d'A Muse. L'on accole ici volontiers à la troupe baptisée «Los siete dedos de la mano», les adjectifs «poétique», «théâtral», «sentimental», ce qui n'est pas pour déplaire à ces défenseurs du cirque «à échelle humaine». «A Muse est la raison même pour laquelle nous allons au cirque. Ce spectacle nous ouvre sur un monde où rien n'est impossible», écrit Norma Quiroz sur le site web Siete24. «L'Auditorio s'est transformé en gigantesque cirque, avec les rires et les applaudissements et les surprises qui ont fasciné le public quelque peu perplexe», peut-on aussi lire dans le journal Metro de la capitale mexicaine.

Un nouveau projet «fou»

Rencontrée tout de suite après la première de jeudi dernier, la metteure en scène d'A Muse, Gypsy Snider, s'est dite heureuse d'avoir mené à terme ce nouveau projet «fou», créé avec les artistes en moins de trois mois. Selon elle, il reste malgré tout du travail à faire pour que les numéros collent bien au thème: celui de faire intervenir les enfants durant chacune des représentations. «Tout n'est pas encore au point, mais c'est prometteur. On doit revoir aussi le rôle du maître de cérémonie, pour qu'il improvise un peu plus avec les enfants. Je pense qu'on a un bon concept et les enfants adorent se voir dans les projections pendant la représentation.» Le fil conducteur d'A Muse, c'est cette petite fille assise parmi les spectateurs, qui monte sur scène avec d'autres enfants pour un numéro de danse [à l'invitation du MC], mais qui refuse de retrouver sa place après. Évidemment, ça fait partie du scénario. La fillette de 10 ans fait le lien entre le monde de l'enfance et les numéros qui sont présentés.

A Muse, que produit le groupe Ocesa, doit être présenté pendant cinq étés [durant trois semaines] à l'Auditorio nacional. Mais le directeur général de la troupe Nassib el-Husseini, a l'intention de faire tourner le spectacle pendant le reste de l'année. «Nous avons commencé à discuter avec des diffuseurs pendant le festival Montréal Complètement cirque, a-t-il indiqué. Plusieurs d'entre eux se sont montrés intéressés. Certains sont ici pour voir le spectacle. Déjà, je peux vous dire qu'il sera présenté à Madrid pendant deux mois à partir de novembre 2013.» Le directeur général de la troupe espère présenter le spectacle à Montréal en 2013. «On travaille là-dessus», a-t-il dit à La Presse.