La TOHU ouvrira sa prochaine saison avec Raoul, spectacle solo marquant du danseur, comédien, mime et acrobate d'origine suisse, James Thiérrée, a appris La Presse. Sa fable poétique et fantasmagorique sera présentée du 4 au 13 septembre.

Le petit-fils de Charlie Chaplin, qui a grandi dans le Cirque imaginaire et le Cirque invisible de ses parents, Jean-Baptise Thiérrée et Victoria Chaplin (qui étaient au Théâtre Outremont l'an dernier au festival Complètement cirque), revient donc à Montréal avec sa compagnie du Hanneton pour reprendre là où il s'était arrêté il y a maintenant un an et demi.

Ceux qui étaient présents à la TOHU au mois d'octobre 2010 s'en souviennent. James Thiérrée avait dû interrompre son spectacle en pleine représentation, à la suite d'un claquage du mollet. «C'est un accident bête. Ça faisait 10 minutes que le spectacle était commencé, je ne faisais pas d'acrobatie incroyable, je sautillais, puis j'ai entendu le bruit du muscle qui se déchire. Je me suis arrêté. J'ai dit aux spectateurs que je ne pouvais plus continuer. Les gens ont cru que c'était une blague, ils riaient. J'ai dû quitter la scène pour qu'ils me croient...», a rappelé l'artiste au cours d'un entretien téléphonique, hier.

Connection

S'il a décidé de revenir à Montréal c'est parce qu'il a senti que le courant a passé avec le public montréalais. «Le prétexte de mon retour, c'est bien sûr cet incident qui m'a forcé à interrompre mon spectacle. Mais ce n'est pas juste par devoir que je reviens. C'est pour moi comme une jolie histoire romantique qui a été interrompue. Il s'est passé quelque chose à Montréal. Quand le bouche à oreille s'est fait, j'ai senti une curiosité et une ouverture qui m'a plu.»

Raoul, qui a été joué près de 200 fois en Europe et qui a triomphé partout où il est passé, est un spectacle multidisciplinaire sans paroles, qui aborde le thème de la solitude. L'artiste inclassable a imaginé un homme qui se dédouble, à la rencontre de lui-même, dans un combat contre ses démons. «C'est le combat d'un homme prisonnier de sa tour, qui doit affronter le quotidien, qui rencontre des créatures qui vont lui permettre de faire son chemin vers quelque chose comme une renaissance.»

Créé en Belgique en 2008, Raoul arrive au troisième âge de sa vie de spectacle, confie James Thiérrée. Je viens de compléter la dernière grande tournée du spectacle. Je vais le reprendre ponctuellement, quelques fois par année, comme maintenant à Montréal. Mais ça reste un spectacle vraiment important pour moi. Je sens qu'il y aura un avant et un après. C'est un spectacle qui pouvait prendre toutes les formes, qui est à moi, qui est en moi. Où à chaque fin de représentation, je me trouvais trempé des pieds jusqu'à la tête.»

«J'aimais l'idée d'aborder un seul personnage, mais dans un spectacle grandiose en terme de scénographie et de décor, poursuit l'artiste de 38 ans. Un homme face à 1500 spectateurs, c'est une situation incroyable. Au-delà de tout ce que vous pouvez faire sur scène, il y a une sorte de confrontation qui m'excitait.» Est-ce que Raoul a réussi à conjurer ses peurs, quatre ans après sa création? «Malheureusement non. C'est un combat qui n'est jamais fini, répond James Thiérrée. C'est un combat sans fin. À chaque fois le décor se remonte. Il y a quelque chose de l'ordre de Sisyphe qui pousse sans cesse sa pierre. Il y a là une malédiction, mais aussi une persévérance et une obstination qui est belle.»

En coiffant son spectacle du nom de Raoul, James Thiérrée cherchait à créer un personnage qui serait tout le monde et n'importe qui à la fois. «Je voulais donner le sentiment d'une personne. Ce n'est pas un héros, un extra-terrestre, un artiste, c'est un type ordinaire, dont le monde mental est une caverne immense, un gouffre de désirs, de pulsions, d'élans et de peurs. Je cherchais un personnage mythologique au travers d'un homme, n'importe qui. Avec Raoul, il n'y a pas de trame narrative. Il y a un personnage de théâtre, quelque chose qui dépasse l'artiste en représentation. C'est ce qui m'a plu.»