Le nouveau spectacle sous chapiteau du Cirque du Soleil, au centre duquel se trouvera un immense bol d'eau, a été largement inspiré par La tempête, de Shakespeare, mais aussi par le mythe grec de Déméter et Perséphone et même par La flûte enchantée de Mozart, a indiqué la metteuse en scène new-yorkaise Diane Paulus dans une entrevue téléphonique avec La Presse.

Celle qui a fait sa marque en créant des opéras et des comédies musicales (dont Porgy and Bess et Hair) avoue qu'elle a toujours voulu entrer dans le monde du cirque, une discipline qui, selon elle, est en train d'enrichir le théâtre.

C'est le directeur de création d'Amaluna, Fernand Rainville, qui lui a proposé de travailler avec le Cirque. Le metteur en scène de théâtre avait vu ses spectacles Hair et The Donkey Show, adaptation disco du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare. «Il m'a parlé du projet du Cirque de faire un spectacle hommage aux femmes. Et ça m'a tout de suite interpellée.»

«Nous avons d'abord décidé de réunir les meilleures acrobates féminines du monde; 75% des interprètes sont des femmes, ce qui est assez inhabituel pour un spectacle du Cirque. Mais je voulais aussi que le spectacle repose sur une histoire théâtrale avec des personnages féminins forts, ce qui m'a amené à me tourner vers une de mes sources préférées: Shakespeare.»

C'est ainsi que le duc de Prospero, artiste et magicien en exil, qui échoue dans une île avec sa fille Miranda (dans l'histoire de Shakespeare), a été transformé en femme et rebaptisé Prospera. «J'ai voulu explorer la relation mère-fille dans le cadre de ce récit fantastique qu'est La tempête. Cette fille, incarnée par une contorsionniste russe, sera ainsi initiée à l'amour et à la vie.»

La metteuse en scène, qui dirige depuis deux ans l'American Repertory Theatre de l'Université Harvard, s'est aussi inspirée du mythe grec de la déesse Déméter et de sa fille Perséphone, enlevée par le souverain des morts, un mythe qui aborde les cycles de la vie. Avec son mari, le dramaturge Randy Weiner, elle a tissé sa toile. «Ce sont ces références secrètes qui ont servi à la création d'Amaluna», dit-elle.

Son expérience avec le Cirque depuis deux ans lui a ouvert les portes d'une nouvelle famille d'artistes. «J'ai adoré travailler avec les acrobates. À plusieurs égards, ils sont comme les chanteurs d'opéra, car ils débarquent avec des habiletés extraordinaires. Ce sont des virtuoses. Toutes leurs prouesses seront soutenues par cette idée des rituels et des passages.»

Quelle sera la marque distinctive d'Amaluna? «C'est un spectacle qui a un contenu émotionnel très riche, répond la metteuse en scène. Et puis d'avoir réuni des artistes des États-Unis, de la Chine, du Japon, de Russie pour produire un spectacle qui transcende les langues et qui parvient à nous toucher, c'est très puissant.»

Amaluna, à partir du 19 avril sous le chapiteau du Cirque du Soleil.