Sombre, tragique, désespéré. L'univers du dramaturge allemand Franz Xaver Kroetz, tel que vu par le jeune metteur en scène Olivier Arteau, ne laisse passer aucune lumière.

On pourrait y voir plusieurs aspects de notre époque, mais la pièce date de 1971. La pauvreté financière et intellectuelle, telle que décrite dans la pièce, n'a cependant pas de date de péremption.

Un couple se dissout sous nos yeux dans l'ignorance et l'insignifiance. Elle est enceinte. Il l'avorte. Le pire ne peut qu'advenir.

Ces gens paumés de peu de mots doivent faire appel aux phrases toutes faites et aux proverbes creux pour s'exprimer. Leur tragédie est donc totale. 

Le traitement privilégié ici regorge de belles idées de mise en scène, comme en fait foi l'utilisation de la vidéo et d'accessoires divers pour échapper à un réalisme trop cru. 

Kroetz dit faire de l'antithéâtre. Soit. Mais le dispositif scénique et la direction d'acteur nous laissent, au propre et au figuré, devant un mur froid. Il manque cette part d'humanité que disait vouloir toucher le metteur en scène.

Parfois, il est bon d'en faire moins pour trouver le ton juste, plus humain justement. Le problème de cette proposition n'est pas son look trash et son propos sombre, c'est son manque d'empathie. 

On aurait aimé s'émouvoir de la tragédie incommensurable vécue par ces naufragés de l'âme. Ces personnages méritaient une compréhension plus fine de leur détresse. Le sang de Michi est présenté jusqu'au 29 octobre au théâtre Prospero.

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Le sang de Michi, texte de Franz Xaver Kroetz

Traduction de Jean-Luc Denis, Marie-Elisabeth Morf, Danielle de Boeck, Tatjana Calpezjana et Calapez Pessoa.

Mise en scène Olivier Arteau