Après ses interminables tournées de contes, Fred Pellerin se lance dans sa toute première tournée de chansons. À ses côtés, son directeur musical Jeannot Bournival, complice de toujours, en profite pour jouer des pièces de son étonnant premier album, entièrement instrumental.

La préparation

«J'ai travaillé beaucoup plus fort des zones de mémoire que je maîtrise moins bien et pour placer ma voix comme il faut. Le gros du travail, quand je monte un spectacle de conte, ce n'est pas de monter des petites histoires, c'est de créer la métahistoire qui va rattacher toutes ces histoires-là. Ça finit par être un travail où il y a beaucoup plus de structure. Peut-être que la chanson a l'air plus structurée et que mon délire de conte a l'air garroché - ça revole sur les murs! -, mais ce qui me permet ce garrochage-là, c'est la structure très forte qui tient tout ça. Cette fois, on a travaillé un ordre pour les chansons, des interventions parlées, mais jamais de métastructure. Je suis tombé en congé plus vite.»

Tournée éternelle et ramassée

«Une tournée de 48 spectacles, ça donne envie de croquer dedans beaucoup plus parce qu'on est déjà en décompte dès le départ. Alors que quand je suis dans le conte, je pars le décompte après trois ans et demi de tournée. Mais cette tournée-là, on l'a vraiment pensée. Les diffuseurs n'étaient pas pris avec une grille déjà montée que tu allais faire s'écartiller: un soir à Rimouski, le lendemain à Sherbrooke.... On l'a vraiment bien dessinée, donc elle coule, elle est douce, elle est belle et bien structurée, donc ouverte à tout, ouverte à être prise dans la partie savoureuse.»

En solo et en groupe

«Dans le spectacle solo, je peux toujours changer mon histoire à la dernière minute. En groupe, quand l'accord de sol arrive après trois mesures, il faut pas mal que tu arrives en accord de sol toi aussi après trois mesures. Mais d'arriver tous les quatre sur scène à l'accord de sol après trois mesures, ça lui donne une puissance que ça n'aurait pas en soi. [...] En plus, quand je fais du conte en solo, on est trois qui tournons ensemble depuis 15 ans, on a nos habitudes de vieux couple, mais là, quatre extra-terrestres supplémentaires arrivent sur notre trio de départ avec une énergie hallucinante. Tout à coup, tout ce qui entoure les spectacles est explosé, nouveau, fou, échevelé.»

«Ratio parlage-chantage» inversé

«J'ai vraiment envie de voir où va me mener l'expérience chantée, mais je me garde des interventions parlées qui viennent mettre un peu de rire et de légèreté dans le spectacle. Les disques qu'on a faits sont souvent lents, il y a des parties un peu graves et mes interventions viennent mettre un peu de sucre et un peu de sel là-dedans. Évidemment, je ne suis pas dans des textes figés; j'ai mon approche de conteur. Il y a même deux moments où je raconte des historiettes et je les joue un peu en flash impressionniste. J'haïs pas ça [la formule chanson], mais, quand je sors mon cheval pour mon intervention de quatre minutes, maudit que ça me fait mal de le remettre dans le garage tout de suite», dit Pellerin en pouffant de rire.

Public qui rit et public qui écoute

«C'est vraiment déstabilisant. C'est comme si je me promenais à cheval et qu'on me donnait un char silencieux. Je n'arrive pas encore à tout décoder, je suis vraiment à l'affût, j'ouvre tous mes radars pour sentir parce que les gens écoutent. C'est une écoute d'église, assez hallucinante. Moi, je suis habitué de souquer la réponse du public, d'aller les chercher, de les faire rire ou de leur faire dire "ah ouache" pour avoir du sonore. Mais dans les chansons qu'on fait, c'est vraiment une autre écoute, une autre zone d'émotion. On est complètement ailleurs. Le voyage est vraiment intéressant et ça me sort énormément de mes souliers habituels.»

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À la salle Wilfrid-Pelletier ce soir et demain.