Dans le cadre de l'événement Les Escales improbables, l'Usine C accueille à nouveau le philosophe français Michel Onfray et le metteur en scène Jean Lambert-Wild, directeur de la Comédie de Caen, qui avaient présenté au même endroit, l'an dernier, La sagesse des abeilles.

Cette fois, les deux hommes proposent un spectacle «hybride et incantatoire», une odyssée «sur la barbarie des hommes». Intitulée Le recours aux forêts, la pièce est conçue avec la collaboration de la chorégraphe Carolyn Carlson, du compositeur Jean-Luc Therminarias et du réalisateur François Royet.

Ce qui s'annonçait comme une pièce philosophique, sur les notions de liberté et de révolte devant les contraintes sociales, s'avère plutôt une expérience ésotérique, assez baba cool, qui nous a laissé sur notre faim.

L'objet scénique comme tel est magnifique. Sur une étendue d'eau colorée qui se transforme au cours de la représentation - pour finir par ressembler aux Nymphéas de Monet -, un danseur exécute sa gestuelle. D'abord violents, ses mouvements deviendront plus doux, en harmonie avec la nature qui défile sous nos yeux. En toile de fond, de belles images qu'on regarde d'abord avec des lunettes 3D, puis à l'oeil nu. Un musicien joue du vibraphone tandis que quatre interprètes récitent en choeur leur texte, comme une litanie.

Redondances

Le texte d'Onfray est la source du problème. Il est extrêmement redondant et manichéen. Depuis la nuit des temps, l'Homme détruit l'humain et refuse de suivre l'exemple de la nature qui est l'illustration parfaite du paradis terrestre.

Pour en finir avec ce cycle de barbarie, le «rebelle» devra fuir la compagnie des hommes et se réfugier en forêt, «un lieu de liberté, un champ d'action [...] qui n'a rien d'une idylle, mais plutôt d'une marche hasardeuse hors des sentiers battus et au-delà de la pensée commune».

Après s'être débattu et dévêtu, le danseur apprivoisera la nature et semblera flotter dans cette mare d'eau colorée. Il finira par se lover en position foetale au milieu de son cercle utérin... comme dans un bain flottant.

Finalement, ce spectacle moralisateur nous convainc peu et donne le goût de rester en ville plutôt que de se réfugier dans la nature.

> Jusqu'au 14 septembre à 20 h à l'Usine C.