La conférence internationale des arts de la scène (CINARS) réunit tous les deux ans à Montréal des centaines de diffuseurs qui viennent de partout dans le monde faire le plein de spectacles. En ville jusqu'à dimanche, ils verront de tout, de la danse, du théâtre, du cirque, de la musique, et cette vitrine exceptionnelle permettra ensuite à des troupes québécoises de tourner autant en Europe qu'en Asie ou en Amérique du Sud.

«On s'attendait à une baisse des inscriptions cette année à cause de la crise en Europe, mais il y a une augmentation de 10% par rapport à 2010», explique Alain Paré, PDG de l'événement depuis ses débuts, en 1984. La représentation européenne est importante bien sûr, mais on retrouve aussi, par exemple, de plus en plus d'Asiatiques. «Rien que de la Corée du Sud, il y aura 45 personnes, dit M. Paré. C'est qu'au cours des cinq dernières années, une centaine de salles de spectacle ont été construites là-bas, dont 80% ont plus de 1000 places. Alors ils cherchent du matériel.»

Yukiki Akawaza, de Fukuoka-shi, au Japon, vient à Montréal pour la troisième fois, en quête surtout d'originalité. «Ce n'est peut-être pas aussi gros qu'à New York ou à Toronto, mais on sait que ce qu'on verra sera toujours de qualité et vraiment différent», dit-elle. Si elle voit beaucoup de spectacles québécois, elle apprécie aussi le fait que CINARS soit ouvert à des productions d'ailleurs. «La plupart des événements du genre ne présentent que des spectacles de leur pays. À Montréal, on peut vraiment voir de tout.»

Patricia Meerts, programmatrice du Centre culturel Woluwe-Saint-Pierre, à Bruxelles, est une habituée de CINARS depuis 1998. «Comme je ne peux pas aller à toutes les rencontres professionnelles, je dois faire des choix, explique-t-elle. Je préfère donc un endroit comme CINARS, qui fait déjà une présélection. C'est pour ça que cet événement reste pertinent. D'ailleurs, il n'a pas d'équivalent en Europe.»

La programmatrice s'intéresse beaucoup à la danse, au théâtre et au cirque et a appris à reconnaître, avec les années, une signature québécoise. «C'est clair qu'au Québec, dans les arts de la scène, vous avez une longueur d'avance. Même si en Belgique, il y a des foyers d'ébullition, particulièrement en danse, je vois une plus grande avant-garde chez vous. Pas dans le sens de pointu, mais d'innovant.» Celle qui a déjà programmé O Vertigo et Les 7 doigts de la main estime que les créateurs québécois «sentent le public», et savent s'orienter vers lui.

Le directeur du festival Les Nuits de Fourvière à Lyon, Dominique Delorme, revient justement à CINARS pour la deuxième fois après avoir succombé au charme des 7 doigts en 2010. «Je les ai invités immédiatement en 2011, où ils sont venus présenter Psy. Puis, je leur ai proposé de coproduire leur nouveau spectacle, et ils ont fait la création mondiale de Séquence 8 au festival en juin dernier. Et ils devraient revenir en 2014.»

La force des 7 doigts, estime Dominique Delorme, est cette volonté de créer une compagnie qui raconte des histoires à travers leur art. Et c'est ce qui définit bien les arts de la scène du Québec, ajoute-t-il. «Il y a une grande technicité des artistes, mais il y a toujours derrière l'idée de raconter des histoires, au-delà de la technique. Je vois une sensibilité narrative qui donne un supplément d'âme aux productions. Le public le sent, il est touché par ça.»

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CINARS, du 12 au 18 novembre. Pour le programme des spectacles: cinars.org

CINARS, c'est...

1000 professionnels des arts de la scène provenant de 40 pays,

23 spectacles officiels.

70% de productions québécoises.

4000 laissez-passer offerts au grand public par le réseau La Vitrine.