Le 12e festival de théâtre jeunesse Les coups de théâtre commence cette semaine avec sa floppée de spectacles diversifiés pour les enfants de corps et de coeur. Seize productions d'ici et d'ailleurs y seront présentées, avec en ouverture mercredi Ces deux-là, du chorégraphe Jacques Fargearel, duo dansé mettant en scène un homme et un enfant sur fond de musique hip-hop.

En plus d'être chorégraphe et danseur contemporain, Jacques Fargearel est aussi professeur. «L'enfance, on peut dire que je connais...», dit-il en souriant. Depuis 20 ans avec la compagnie du Sillage, établie à Orly, en banlieue de Paris, il crée des chorégraphies qui ne s'adressent pas qu'aux jeunes, même si l'enfance en est le sujet principal. «Je préfère dire que je fais du théâtre tout public, et pas du théâtre jeunesse. Mes spectacles parlent de l'enfance, mais aussi de la part d'enfance que nous avons en nous.»

Le chorégraphe aime toujours aborder de nouveaux aspects de la relation adulte-enfant, et c'est celle entre deux frères qui est au coeur de Ces deux-là. «J'ai beaucoup parlé de la filiation, jamais du rapport petit frère-grand frère. Mais les jeux et les enjeux ne sont pas les mêmes. Comme j'avais envie de me frotter au hip-hop depuis des années, j'ai trouvé que cette musique et cette gestuelle s'appliquaient bien à ce sujet.»

Les deux danseurs - un adulte et un enfant- danseront autant sur du hip-hop et du Arvo Pärt, sur des tapis de couleur qui représentent les chemins de vie qui se croisent et s'éloignent. «Et bien sûr, il y aura le battle au coeur de la pièce.» Ces deux-là reste un spectacle de danse, sans trame narrative ni explications. «Je ne veux pas d'un spectateur-consumériste. Je préfère lui faire faire un voyage à travers un parcours chorégraphique et lui ouvrir des fenêtres.»

Conte dansé

Une deuxième pièce de Jacque Fargearel est présentée dans le cadre du Festival. À petits pas, écrite par les auteurs québécois Francine Caron et Jacque Pasquet, est sa première incursion du côté de la narration. «Je voulais un conte dansé», explique le chorégraphe. Encore une fois, sur scène, un homme et un enfant, qui incarnent deux périodes de vie d'un même homme. «C'est une pièce sur le devenir et le souvenir. L'enfant se projette dans ce qu'il sera, et l'adulte dans ce qu'il a été.»

Jacques Fargearel a travaillé en étroite collaboration avec les deux auteurs. «Tout s'est fait en parallèle, à distance, mais avec une grande confiance. Je leur ai demandé ce texte d'abord pour la complicité qui nous unit, pour ce même regard que nous portons sur le théâtre jeunesse, qui fait de l'enfant un acteur et non un consommateur.»

C'est aussi pourquoi il continue de défendre les spectacles tout public: l'idée, pour lui, n'est pas d'«éduquer» les enfants. «Il s'agit de faire partager un moment aux parents et aux enfants, de leur offrir un sujet commun dont ils peuvent parler et créer des ponts.»

Les coups de théâtre, du 14 au 26 novembre. coupsdetheatre.com.