Pour célébrer ses 40 ans, les 13 danseurs permanents des Ballets jazz de Montréal interpréteront trois pièces cette semaine à la PdA. Retour dans le temps avec le directeur artistique des BJM, Louis Robitaille.

On peut dire que le parcours de Louis Robitaille a suivi de près celui des Ballets jazz de Montréal. Dès la création de la compagnie, en 1972, Louis Robitaille s'inscrit à des cours de danse offerts par les BJM dans son école secondaire. «À l'époque, je faisais des compétitions de natation. C'est une amie qui m'a traîné dans ce cours de ballet jazz. Ils cherchaient des garçons pour le spectacle de fin d'année. Je me suis complètement laissé embarquer là-dedans. Durant la même période, j'ai vu (à la télé) la pièce Messe pour un temps présent de Béjart, sur la musique de Pierre Henri. Et là, j'ai eu la piqûre.»

Après avoir suivi des cours avec Peter George, Louis Robitaille obtient une bourse d'études des BJM pour poursuivre sa formation à l'École des BJM. Peu de temps après, il danse pour Eddy Toussaint, un des cofondateurs de BJM qui venait de créer sa propre compagnie. Par la suite, il dansera 10 ans avec les Grands Ballets canadiens. «Une des plus belles périodes de ma vie, nous dit-il. J'ai travaillé avec les meilleurs créateurs de l'époque, James Kudelka, Nacho Duato, Jiri Kylian, Edouard Lock... Plus jeune, j'étais quelqu'un d'assez solitaire et effacé. La danse m'a permis de m'exprimer autrement que par la parole, d'évacuer certaines émotions.»

Pendant qu'il dansait avec les Grands Ballets canadiens, Louis Robitaille produit ses propres spectacles avec sa compagnie Bande-à-part. «J'avais déjà envie de rassembler des artistes et de créer des spectacles-événements. J'ai vraiment fait mes classes à ce moment-là.» Au tournant de la quarantaine, il choisit de quitter les Grands Ballets et danser pour la compagnie de Jiri Kylian aux Pays-Bas. Mais la veille de son départ, au cours d'une répétition avec Edouard Lock, il se blesse à un genou. C'est pendant sa convalescence qu'il reçoit l'appel des BJM pour succéder à Yvan Michaud, en 1998. The rest is history, comme on dit.

Les trois pièces présentées cette semaine à l'invitation de Danse Danse témoignent bien, nous dit Louis Robitaille, de ce que BJM fait aujourd'hui. Fuel, de Cayetano Soto s'inspire de la pièce éponyme de la compositrice américaine Julia Wolfe. Il y est question de la marche ininterrompue de l'industrie moderne. Jusqu'à l'épuisement. Il s'agit d'une pièce de 22 minutes pour neuf danseurs. Closer est une gracieuseté du chorégraphe Benjamin Millepied pour les 40 ans de la compagnie, précise Louis Robitaille. Il s'agit d'un duo voluptueux interprété sur les airs de Mad Rush, de Philip Glass. Enfin, Harry est la création de 2012 de BJM. La pièce chorégraphiée par Barak Marshall aborde la question des conflits et de notre capacité à les surmonter.

Est-ce que le jazz est toujours la marque distinctive de la compagnie? «Non, on ne peut pas dire ça, répond Louis Robitaille. À l'origine, le jazz était un style de danse typiquement américain, influencé par la musique jazz bien sûr. C'était le projet des cofondateurs de BJM. À ce style, la compagnie a combiné l'esthétique et l'entraînement de la danse classique. Ç'a été une mode, mais aujourd'hui, ce que nous faisons, c'est du ballet contemporain. Avec des danseurs comme Crystal Pite, Dominique Dumais, Aszure Barton. Le jazz n'est plus exclusif à ce que nous faisons. Nous sommes clairement ailleurs. Notamment avec la danse acrobatique, une tendance très forte actuellement.»

Les 27, 28 et 29 septembre au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.