Le festival Les Petits bonheurs présentera cette année plusieurs nouvelles créations québécoises. Parmi celles-ci, Tête de violon, pièce sans paroles écrite et mise en scène par Joël da Silva et interprétée par sa soeur Marie-Hélène, directrice artistique de la compagnie Moulin à musique, qui a fêté ses 30 ans l'an dernier.

Joël da Silva a l'habitude de travailler avec les mots, mais a plongé sans hésitation dans ce projet minimaliste dont la vedette est un personnage et son violon. «Tout passe par l'instrument et le corps de l'interprète. Nous avons opté pour l'expérience sensible plutôt que pour la narration», raconte Joël da Silva, qui dit avoir toujours eu une conception «musicale» du théâtre et de la mise en scène - ce qui lui a servi pour monter ce spectacle commandé par les Jeunesses musicales du Canada. «J'ai travaillé pendant un an avec Marie-Hélène. Ça lui a demandé une très grande disponibilité, une très grande ouverture aussi. Pour elle, c'était vraiment comme se jeter dans le vide.»

En apparence décousu

Le résultat est un spectacle ludique, en apparence décousu, où le personnage central s'amuse avec son violon, découvre des sons, des bruits, des mélodies. «C'est un personnage fantasque. On ne sait rien sur lui, d'où il vient, où il va, explique Joël da Silva. Mais tout est construit, cousu ensemble, même s'il y a des moments très différents et qu'il n'y a pas toujours d'explication à ces changements. Comme lorsqu'un enfant joue, finalement. Et quand un enfant joue, il transforme le monde.»

Marie-Hélène de Silva met à profit son côté clown pour ce spectacle, mais son personnage «a aussi un côté lunaire», dit l'interprète. Joël da Silva a fait attention pour bien doser le lyrisme et la drôlerie et éviter la «tyrannie de la poésie» qui, parfois, laisse les enfants loin derrière. «J'ai déjà péché de ce côté-là, c'est vrai! En vieillissant, je deviens plus modeste. Pas au point de me transformer en livreur de pizza, mais en trouvant l'équilibre.»

«Il faut qu'un spectacle respire, croit de son côté Marie-Hélène de Silva. Et c'est une des qualités de Tête de violon, qui titille l'imaginaire grâce au non-dit, aux gestes.» Les enfants se font raconter plein de choses depuis qu'ils sont bébés, constate-t-elle, mais ils sont capables de se projeter dans un spectacle moins narratif. «On les amène ailleurs, on leur fait découvrir les trésors cachés de la musique. Ils comprennent, alors que les adultes, parfois, beaucoup moins!»

Spectacle sans paroles

En 30 ans et environ 15 spectacles, la directrice artistique du Moulin à musique croit que l'imaginaire des enfants n'a pas beaucoup changé. Mais, ajoute-t-elle, ils vieillissent plus vite. «Un spectacle où on plaçait l'âge limite à 12 ans, on le descend maintenant à 9 ans. Surtout en ville.» Tête de violon n'est que le deuxième spectacle sans paroles de la compagnie, mais peut-être aussi celui qui lui ressemble le plus. «Je parle tout le temps dans ce spectacle. Avec mon corps. Je vis les émotions dans le temps présent.»

Bien entendu, Marie-Hélène da Silva parle aussi avec son violon, car la musique reste le fil conducteur du Moulin depuis 30 ans. «Tous les enfants aiment la musique. C'est vraiment mon matériau de base. Encore maintenant, j'apprends toujours dans la musique.»

Tête de violon sera présenté le 13 mai à la maison de la culture Maisonneuve. Le festival Les Petits bonheurs a lieu du 4 au 13 mai à Montréal. Infos: petitsbonheurs.ca.